- Les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ont décidé d'augmenter leur plafond de production et de le porter à 30 millions de barils/jour. Dans le contexte actuel, une telle décision ne risque-t-elle pas de perturber les marchés pétroliers '
A travers ce nouveau plafond, l'OPEP a décidé de maintenir son niveau actuel de production. On sait qu'il y a toujours un écart entre plafond de production et niveau effectif de production. Le plafond de 30 millions de barils par jour est un chiffre qui correspond assez bien à ce que les études internes à l'OPEP ainsi que celles réalisées par l'Agence internationale de l'énergie indiquaient comme besoins probables de pétrole OPEP sur l'année 2012. La demande pétrolière devrait augmenter en 2012, puisqu'elle sera tirée par les pays émergents. Cela dit, l'OPEP ne crie pas victoire, parce qu'elle sait très bien qu'il y a certains risques et des menaces qui pèsent sur la consommation pétrolière en 2012. Au cours de la conférence de l'OPEP, les ministres du Pétrole et de l'Energie ont notamment mis l'accent sur les risques de nature macroéconomique liés à la crise au sein de la zone euro et aux difficultés économiques des pays de l'OCDE. Il y a aussi le fait que dans les pays émergents, les risques inflationnistes persistent, ce qui pourrait déboucher sur une volonté de casser l'inflation et de ralentir la croissance. Du côté de l'offre, il s'agit du fait que la production libyenne augmente plus vite que prévu depuis sa reprise au mois de septembre. La production de l'Irak devrait également augmenter de façon significative. En prenant en compte les facteurs haussiers et baissiers en termes de prix, l'OPEP estime que ces derniers peuvent plus ou moins s'équilibrer et qu'elle peut donc conserver son niveau actuel de production. Même si on sait que plusieurs pays de l'OPEP, l'Iran en tête, auraient souhaité que l'Arabie Saoudite et ses plus proches alliés du Golfe réduisent leur production, pour laisser plus de place à la montée en puissance de la production libyenne et, dans un autre contexte, de la production irakienne.
- Il est vrai que les pays de l'OPEP ont ajusté leur plafond et les quotas à leur production réelle. Toutefois, vous n'êtes pas sans savoir que les quotas de l'OPEP ne sont pas respectés. Ce nouveau plafond ne risque-t-il pas finalement d'ouvrir la voie à une hausse de la production réelle '
C'est un risque réel. Il est clair que depuis de nombreuses années, la fixation d'un plafond global pour l'Organisation et de quotas de production individuels pour les pays membres est un exercice rituel de l'OPEP, mais on sait que très fréquemment, il y a des dépassements. Certains pays ont des capacités de production qui leur permettent de dépasser les quotas, et le plafond de production qui en résulte relève plutôt de la fiction.
L'OPEP est une organisation qui fonctionne selon la règle du consensus. Pour prendre une décision, il faut que tous les Etats membres soient d'accord. Avant la réunion, il y avait quelques divergences. L'Iran, qui assure actuellement la présidence de l'OPEP, a très clairement annoncé la couleur. L'Iran estime que puisque l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït ont augmenté leur production durant le printemps et l'été afin de faire face à la réduction puis l'arrêt de la production libyenne, il serait logique qu'ils la réduisent maintenant que la Libye revient sur le marché et que sa production même inférieure à son niveau de 2011, augmente plus rapidement que prévu. Par contre, l'Arabie Saoudite a clairement fait entendre que la situation actuelle était très bonne, comme le montrent les prix qui restent à un niveau assez élevé et par conséquent il n'y avait pas un besoin impérieux pour l'OPEP de réduire sa production. Pour arriver à un consensus, le plus simple a été le maintien du niveau de production actuel. On sent bien quand on regarde de près le communiqué de l'OPEP que cet accord est le résultat de divergences.
- Le communiqué de l'OPEP précise qu'il appartient aux Etats membres de réduire volontairement leur production de manière à assimiler celle libyenne. Cela ne va-t-il pas conduire à de nouvelles dissensions au sein de l'Organisation '
Oui sans aucun doute. Il y avait une désunion claire à la réunion de l'OPEP au mois de juin. L'Organisation est scindée en deux groupes, l'un majoritaire plaidant pour un maintien de la production et le second minoritaire qui est plutôt pour l'augmentation de la production. C'était une réunion difficile pour les membres de l'OPEP, et il y avait un désaccord flagrant. On sait aujourd'hui que les désaccords sont toujours là. Il n'y a pas une réelle volonté de réduire la production et on maintient donc le niveau actuel de production à 30 millions de barils/jour. On indique que si c'est nécessaire, les Etats membres peuvent, sur une base volontaire, prendre des mesures, y compris les ajustements à la baisse de leur production. Le mot volontaire veut dire beaucoup de choses et, bien entendu, qu'il n'y a pas d'accord réel. On met des espoirs sur la bonne volonté des Etats membres, étant donné que ces derniers n'ont pas pu se mettre d'accord sur une baisse de la production dès 2012, face aux risques macroéconomiques qui dominent l'actualité des pays développés et face à l'augmentation de l'offre.
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Posté Le : 15/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Melissa Roumadi
Source : www.elwatan.com