Un enfant à peine
plus haut que trois pommes, belles chaussures aux pieds, marche dans un
périmètre de détritus constitués de restes de sachets en plastique
multicolores. C'est le dernier spot télévisuel initié par le Ministère de
l'Environnement et de l'Aménagement du territoire.
Le commentaire
affiché enfonce le clou pour dire : « Le sachet en plastique, met 400 ans pour
disparaître de la nature ». Soit la durée de vie de douze(12) générations à
venir. Est-on conscient, au moins, du tort que nous faisons à ces multitudes ?
Sont-elles responsables de cette apocalypse de l'industrie pétrochimique ? Ce
qui est sûr, c'est quelles subiront pendant longtemps, les contre coups d'une
ère pétrolière qui entonne déjà son chant du cygne. Que dire encore, du pot de
yaourt ou de la bouteille vide d'eau minérale défenestrés à partir de véhicules
huppés ou de balcons cossus et faits d'une matière plus nocive ? Ecrasés, ils
feront désormais, partie du décor ambiant, jusqu'au jour, où une âme
charitable, croyant bien faire, les brulera.
On nous a promis, il n'y pas si longtemps,
que la Loi allait interdire la production de cette matière nocive pour le
milieu environnemental ; et qu'un délai raisonnable a été consenti aux
fabricants pour se convertir au produit biodégradable.
Que nenni, non seulement le sachet noir est
toujours là, mais il est accompagné, présentement, de son frère jumeau en
couleur. Une manière comme une autre de contourner la problématique. Ce petit
article anodin qui fait ramasser des fortunes à ses fabricants, violente
l'environnement sur plusieurs registres. Inesthétique, il virevolte au vent et
vient s'accrocher à toute aspérité, habiller disgracieusement les clôtures
grillagées, et coller impudemment au pare brise de véhicules en plein course.
Il est même utilisé pour signaler les
chargements hors gabarit d'engins roulants. La campagne n'en est pas indemne,
ni les abords des routes, ni les champs.
Le florilège mystifie, momentanément, le
regard. La raison de son hideuse présence, est sans nul doute, son utilisation
secondaire comme sachet fourre-tout s'éventrant au moindre petit choc.
Même plein, il
est relativement léger pour être confié
aux enfants pour s'en débarrasser n'importe quand et n'importe où. L'on
remarquera que ces petits colis sont, généralement, abandonnés autour du bac à
ordures que les services de nettoiement mettent, à la disposition des
groupements humains. Eventrés et dégoulinants, ils viennent à bout des cÅ“urs
bien accrochés des cantonniers. Et ce n'est pas le pire des procédés ; il y a celui
qui consiste à larguer les sachets regorgeant de déchets à partir du balcon.
Son trajet aléatoire, n'est pas sans danger pour ceux qui risquent d'en
constituer l'impact final. Et c'est défini comme un acte citadin. Il n'y a,
malheureusement, pas que ces rejets ; la canette d'aluminium récupérée
avantageusement ailleurs, semble elle aussi envahir les espaces, cette fois,
périurbains.
Le contournement
longeant une belle foret d'une grande ville des Hauts Plateaux, est paré d'un
tapis de cadavres de canettes et de bouteilles de bière.
Ceci est le propre des sociétés
religieusement hypocrites. On se cache la face, pour ne pas affronter ses
propres tares, si boire peut constituer une tare en soi. « Point de contrainte
en religion », ce verset n'a, sans doute, pas été assez médité. Certains hommes
du culte qui officient le prêche et la prière du vendredi, semblent
s'accommoder des détritus épars ; il s'est trouvé en ce mois de jeûne des
fidèles exécutant la prière des « taraouih » à moins de dix mètres d'un
dépotoir.
Il est remarquable aussi que des jeunes se
mobilisent pour le nettoiement à grand eau des mosquées et lieux de prière,
mais jamais la cage d'escaliers ou la cité. Les recommandations religieuses
relatives à l'hygiène en général, seraient elles sélectives ? Apparemment oui !
Le Brésil et
d'autres pays, ont fait de la récupération une véritable industrie. Un document
filmé, montre le parcours d'une canette ramassée dans la rue, par des gens qui
font du ramassage un métier, jusqu'à son écrasement par une machine et sa fonte
dans un immense magma. Il est récupéré, 6 tonnes d'aluminium pur sur 7 tonnes
broyées. Le recyclage et pour lequel nous faisons la fine bouche, peut faire
vivre à lui seul, des milliers de familles.
Ce n'est quand même
pas, l'enfant à la belle paire de chaussures qui va y penser à sa majorité ?
Enfin, ce spot télévisuel est d'un cynisme que nul esprit, fut-il simple, ne
peut accepter. Qui est en charge de légiférer et de faire appliquer les textes
?
Enfin si le polyéthylène (PE), dont est
fabriqué ce maudit sachet, est plus ou moins inoffensif lors de son
incinération, les nouvelles technologies utilisant l'amidon de mais ou de pomme
de terre pour sa fabrication le rendant ainsi biodégradable au bout de quelques
mois ; il n'en est pas de même pour le PVC, utilisé couramment dans le
bâtiment, la fabrication de tuyaux d'arrosage et de récipients.
L'incinération des déchets du PVC, n'est pas
sans danger et pour l'environnement et pour l'être humain. Les dioxines sont
connues pour leurs effets, à la fois sur le règne animal (toxique et
cancérigène) et sur la biosphère (effet de serre). Beaucoup de municipalités de
par le monde, ont limité l'utilisation du PVC dans le bâtiment avec une
tendance à l'interdiction pure et simple.
« Suite à un incendie dans l'aéroport de
Düsseldorf en avril 1996, lors duquel les émanations de dioxine ont causé la
mort de seize personnes, environ 200 villes et municipalités allemandes ont
appelé à renoncer au PVC.
Depuis, dans nombre de ces villes,
l'utilisation de PVC dans la construction, en particulier les bâtiments
municipaux, est restreinte ou soumise à conditions.
À Brême, par exemple, les papiers peints et
les films en PVC sont interdits. L'utilisation de PVC à l'intérieur de bâtiments
est admise uniquement lorsque cela est « techniquement inévitable ». La commune
de Berlin interdit purement et simplement l'utilisation du PVC à l'intérieur
des bâtiments. » (Mieux connaître les plastiques- http//www. Onpeutlefaire.
Com.)
Que nous
réservent ces colonnes montantes de fumée noirâtre qui évoluent au dessus des
décharges sauvages de nos villes et villages ? Les nappes phréatiques sous
jacentes resteront-elles, longtemps, indemnes de contamination pétrochimique ?
Le littoral maritime, déjà éprouvé à l'ouest par l'industrie papetière, vient
de recevoir un autre coup de boutoir à Bou Ismail, jadis hôte d'un riche
vivier. Là aussi, c'est encore les rejets chimiques d'une industrie papetière
qui sont mis à l'index. Des relents pestilentiels tenaces, ont remplacé les
effluves marins du célèbre boulevard du Front de mer. A propos de mer, le
sachet en plastique et la bouteille en PVC qui flottent sur les rivages, sont
un véritable casse tête dans les rades de pêcheurs. La belle steppe, jadis
vierge, est piquetée de ces oripeaux multicolores, ce qui ne sont pas sans
danger sur la faune.
Glouton, le cheptel s'y méprend souvent par
la couleur herbacée des lambeaux de sachets.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 02/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Farouk Zahi
Source : www.lequotidien-oran.com