Depuis quelques années, il y a comme des frémissements dans le sphère culturelle algérienne. Sont-ce les débuts d’une renaissance des arts et des lettres ou sont-ce,tout simplement, une illusion et une vague impression renforcée par le désir de mettre fin à un marasme qui a duré deux décennies ?
Il y a cependant des signes qui ne trompent pas.
D’abord, sur le plan des infrastructures, un certain nombre de réalisations, «phénoménales» et inimaginables il y a quelques années, ont vu le jour et nous ont fait écarquiller les yeux de bonheur. Enfin ! Parmi les réalisations, il y a d’abord la prolifération des maisons d’édition, y compris dans le pays profond.
D’une façon concomitante, l’ouverture d’un grand nombre de librairies nous a permis de prendre notre revanche sur les pizzérias, les fast-food, les magasins d’habillement et autres commerces consumeristes et médiocres qui ont pollué nos villes et nos estomacs.
Ces librairies, dotées souvent d’une belle architecture et constituées avec un goût et une esthétique remarquables, sont devenues très vite des lieux de rencontres, de débats et de séances de signatures.
Les maisons d’édition et les librairies tant privées que publiques, (les deux nouvelles librairies de l’ANEP sont une réussite !) ont créé une nouvelle atmosphère dans les villes et se sont vues renforcées par la restauration (souvent réussie) de salles de cinéma qui avaient fait le bonheur des cinéphiles pendant les premières années de l’indépendance.
Ensuite, sur le plan des mégastructures prises en charge par l’Etat ; c’est- à- dire par le ministère de la Culture, plusieurs réalisations de grande ampleur ont vu le jour. Ainsi, l’Ecole de musique de Bab El Oued.
Ainsi le Musée des arts modernes d’Alger (le MAMA) qui a pris la place des anciennes Galeries algériennes.
Tout un symbole ! Dans la mesure où l’art (pour une fois !) a pris sa revanche sur le commerce. Ainsi la res-tauration de la Villa Abdellatif qui vient de s’achever grâce au talent et à la virtuosité de jeunes architectes algériens pétris de leur culture traditionnelle et férus d’architecture contemporaire et internationale. Ainsi, la restauration de la Villa Mahieddine dont les travaux de restauration menées dans la même veine, vont bientôt s’achever.
Ainsi....!
Toutes ces réalisations dont nous avions longtemps rêvé, sont enfin là. Concrètes, réelles et superbes.
Mais si ces infrastructures ont vu le jour, il y a le ris-que qu’elles restent des coquilles vides !
Et c’est-ce que nous constatons. En effet une infrastructure n’a pas de sens si elle n’est pas dotée d’une super-structure, c’est- à- dire si elle n’est pas bourrée de sens. C’est-à- dire de créativité en mouvement perpétuel, où le créateur apporte sa production et la confronte avec un public amateur d’art.
Les maisons d’édition produisent surtout des essais, des mémoires, des monographies et trés peu
de textes littéraires transcendants ou de textes philosophiques fondamentaux.
Les librairies exposent cette production où la notice d’art est quasiment exclue.
Les cinémas projettent des films de mauvaise qua-lité, le plus souvent.
Les musées sont désespèrément vides.
Donc, toutes ces réalisations dont nous sommes fiers, ne sont pas des lieux de productivité artistique.
Des lieux de rêve. Des lieux où l’on vient se ressourcer à travers le beau, l’infini, l’indicible. L’émotion vraie, brute. Quoi !
Il y a donc maintenant la nécessité que les artistes algériens créent des oeuvres essentielles et laissent tomber, ce pseudo art, souvent médiocre et banal.
Il y a donc maintenant la nécessité que les éducateurs algériens forment le goût des enfants qui clabaudent, actuellement, dans la vulgarité et la violence.
La réalisation de si belles infrastructures n’est donc, alors, qu’un début.
Le début d’une longue marche vers... l’éblouissement.
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Posté Le : 15/02/2009
Posté par : nassima-v
Ecrit par : Rachid Boudjedra
Source : darkzine.online.fr