Algérie - A la une

Les damnés de la Méditerranée Les amants de Cordoue de Farid Benyoucef


Les damnés de la Méditerranée Les amants de Cordoue de Farid Benyoucef
« On pouvait presque entendre les barques déblatérer comme des dromadaires, ne laissant s'échapper de sous leurs flancs desquamés que le clapotis de l'eau qui les faisait vaciller doucement ».
Le roman, Les amants de Cordoue, est une élégie à ces naufragés de la vie qui fuient par milliers le pays, «dans des embarcations sans boussoles rongées par la mousse (') parce qu'au pays le soleil brille sur tout le monde mais ne chauffe que quelques-uns. Ainsi en ont-ils décidé ! Le soleil est une rente aussi et eux seuls en jouissent». Dans une langue poétique, gorgée de lyrisme, l'auteur donne libre cours à sa révolte par le truchement de son personnage central, Staïfi, dont il fait le «coryphée» de tous ces laissés-pour-compte qui disparaissent sous cette désignation vernaculaire de Harragas. Lui-même Harrag, installé misérablement à Alméria, une ville d'Andalousie, il accueille ceux de ses compagnons d'infortune ayant, par miracle, échappé à la mort en haute mer, pour les initier à la clandestinité, apprendre une autre façon de mourir. «Et au pays tout entier de se vider de son futur en se vidant de ses enfants !», constate-il amèrement. Il se fait désormais le gardien de la mémoire des Harragas.
Tout est prétexte pour dire l'amour, le pays, le terrorisme, le marasme. Un grand amour émerge un jour des flots meurtriers d'une «harga». Amir, un jeune Algérien, instruit et cultivé, se fait «brûleur de mer» pour Maria, une jeune Française dont le père était harki. Elle se fait à son tour «harraga» pour rejoindre en Algérie, son amour refoulé du sol français. Elle vivra dans la clandestinité, jusqu'au jour où elle sera à son tour refoulée. Ils ne renonceront jamais à cet amour intemporel, miraculeux. Ils iront à Cordoue. Mais celle-ci, ingrate, ne sera pas plus clémente pour eux, oubliant que jadis elle fut appelée l'ornement du monde grâce à leurs ancêtres. Encore une fois traqués, ils choisiront de «sombrer comme deux jumeaux dans le ventre de la mer, dans son liquide amniotique originel, reliés par un même cordon ombilical (')», convolant en injustes noces dans les eaux de «Mare Nostrum».
Les amants de Cordoue de Farid Benyoucef, Editions Média-Plus, 2012, 270 pages.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)