Algérie

Les croisades : La contrebande de guerre



Les croisades : La contrebande de guerre
- La prise d'Al Qods par les Croisés (15 juillet 1099) avait jeté la consternation dans le monde musulman ; l'une des villes saintes de l'islamisme, qui avait été pendant quelque temps le point vers lequel le prophète s'était tourné pour la prière, était aux mains de ceux que le peuple considérait comme infidèles.

Cette victoire couronnait une longue série de luttes qui, menées contre différents princes, n'avaient guère eu de retentissement en Orient.

Le mouvement d'enthousiasme religieux qui précipita sur le Levant des armées immenses développa encore plus le commerce maritime et l'armement de nombreuses flottes.

En 1097, douze galères emmenèrent de Gênes un grand nombre de bourgeois notables qui venaient de prendre la croix et rejoignirent l'armée croisée devant Antioche.

Des navires partaient isolément pour transporter des vivres, des armes, des machines de siège et même des soldats qui allaient rejoindre leur corps.

Deux galères, surprises à Jaffa par des Sarrasins partis d'Ascalon, débarquèrent en hâte leur matériel de guerre qui fut transporté devant Jérusalem (Al Qods) et servit à construire des machines pour battre les murailles de la ville assiégée par les Croisés.

Le précieux concours des flottes était payé au moyen de concessions territoriales, et c'est ainsi que se formèrent, dans les Échelles du Levant, de nombreuses colonies italiennes.

Marseille également avait contribué à la conquête et à la défense des Lieux saints, soit par une aide effective, soit par des avances d'argent, car les privilèges qu'elle obtint des rois de Jérusalem, tels que la franchise des droits de douane et la possession de quartiers séparés dans la capitale et les villes maritimes ne sont que l'écho des services rendus.

Aux concessions attribuées aux Italiens à l'intérieur des -villes étaient jointes des propriétés dans les campagnes, cultivées par les indigènes, paysans syriens, dont quelques-uns, à raison de la considération dont ils jouissaient et du rôle de magistrats qu'ils jouaient, étaient revêtus du titre de Raïs.

Les propriétaires ne s'occupaient pas de l'exploitation de ces biens ruraux, groupés autour des villages, hameaux ou fermes, connus sous le nom de casaux ; mais ils faisaient aux cultivateurs des avances de semences, et avaient ainsi le droit de contrôler les récoltes.

La contrebande de guerre

- La contrebande de guerre, à laquelle se livraient des marchands européens qui importaient en Orient les armes nécessaires aux Musulmans, fit l'objet de dispositions législatives.

Les 11e, 12e et 13e conciles généraux (1179 à 1245) se saisirent des plaintes que provoquait de toutes parts cette assistance matérielle fournie aux ennemis des Croisés.
Ils décidèrent que quiconque vendrait aux adversaires du fer, des armes, des bois de constructions maritimes, des navires tout construits, quiconque entrerait au service des Musulmans en qualité de capitaine ou de pilote, encourrait l'excommunication, doublée de la confiscation des biens et de la perte de la liberté individuelle, car celui qui s'emparerait, de la personne du délinquant serait autorisé à le garder comme esclave.

Les autorités des ports de Syrie s'empressèrent de rendre des ordonnances pour mettre en vigueur cette interdiction ; malgré ce luxe de défenses formelles, la contrebande de guerre ne s'en exerça pas moins sur une vaste échelle et fut même reconnue par les traités conclus entre la ville de Pise et les souverains égyptiens, en ce qui concerne le transport d'armes et de matériel de constructions navales, y compris la poix.

Les Musulmans se moquaient de cet amour du lucre qui faisait que leurs ennemis étaient les premiers à leur fournir les armes destinées à les combattre, et Salah Edine Al Ayoubi ne manque pas de signaler cet avantage pour l'islamisme dans une lettre qu'il écrivit au khalife de Bagdad.

Ag.


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