Algérie

Les craintes de la classe politique



Les craintes de la classe politique
Entre compassion et colère, les candidats à la présidentielle redoutent les conséquences de l'hospitalisation surprise du président Bouteflika à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce.Pour les candidats à la présidentielle d'avril prochain, la présence du Président au Val-de-Grâce pour des «examens médicaux», leur fait redouter le pire. «On n'est pas dupes, affirme Ali Fawzi Rebaïne, président de Ahd 54. Cet examen qu'on nous présente comme une simple visite médicale est beaucoup plus grave qu'on veut bien nous le dire. Car un examen de routine, qui est programmé dans l'agenda présidentiel, aurait pu être annoncé à l'avance. En réalité, le cercle présidentiel a été pris de court face à la rumeur qui commençait à circuler sur les réseaux sociaux et a dû à la hâte rédiger un communiqué qui ne trompe personne.»Cette hospitalisation, qui tombe au plus mauvais moment, pousse certains d'entre eux à se demander si la convocation du corps électoral, qui est prévue le 16 ou 17 janvier, aura lieu conformément aux délais impartis par la loi. «C'est la grande question que je vais me poser jusqu'à vendredi, affirme Soufiane Djilali, président de Jil Jadid. Si le Président est dans l'incapacité de signer cette convocation, on va se retrouver dans une situation inédite où Bouteflika sera dans une situation anticonstitutionnelle, alors que le gouvernement sera lui aussi frappé d'illégitimité.»Pour le candidat Mohamed Cherif Taleb, secrétaire général du Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD), il faudra dans ces conditions remettre le destin de la nation entre «les mains du président du Sénat et du HautConseil de sécurité».Coup de forceIls craignent de revivre la situation de vide juridique qu'avait connue l'Algérie après la démission du président Chadli en 1992, et qui avait amené à l'installation du Haut-Comité d'Etat. Cette éventualité est prise au sérieux par le candidat de Jil Jadid. «C'est ma grande crainte. J'ai peur que certaines parties aient décidé de fomenter un coup d'Etat en profitant de ce vide constitutionnel, car on est en droit de se demander quelles sont les raisons qui ont poussé le Président à ne pas convoquer le corps électoral plus tôt, alors qu'il en avait la possibilité depuis le 19 décembre et que son contrôle médical était prévu depuis longtemps.» une éventualité que ne partage pas Mohamed Chérif Taleb, qui reste persuadé que la convocation du corps électoral a déjà été signée par le Président. «Le président Bouteflika a déjà signé le document. Il sera rendu public vendredi.»Sous SurveillancePour le candidat Ali Fawzi Rebaïne, le système ne peut pas se permettre de ne pas tenir ses engagements. Il se sait observé par la communauté internationale. «Même si le Président est absent, le corps électoral sera convoqué, résume le candidat Rebaïne. Le système agit sous la loupe de la communauté internationale et ne peut plus faire ce qu'il veut. Quelle image ce pays peut donner au reste du monde s'il est incapable de gérer une telle situation.»AvenirPour le candidat Ali Benouari, cette hospitalisation ne va rien changer à sa détermination. L'ancien ministre du Budget dans le gouvernement Ghozali préfère se projeter dans l'après-Bouteflika. Il s'en prend à tous ceux qui, aujourd'hui, en veulent au Président, alors qu'ils ont largement profité de ses largesses. Si le candidat Benouari souhaite un prompt «rétablissement au Président», c'est pour mieux demander le départ de la génération qui dirige le pays depuis 1962. «L'Algérie va tourner la page Bouteflika dans un peu moins de quatre mois, estime Ali Benouari. Nous sommes à un tournant qui va, je l'espère, permettre de se débarrasser du système actuel. Il est important de regarder vers le futur. C'est pour cela que je propose un programme pour offrir aux Algériens de s'associer à la nouvelle Algérie que je veux mettre en place.»




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