« Les pots-de-vin sont un phénomène qui existe et il est inutile de nier leur existence nécessaire dans des négociations avec des pays et des régimes du tiers monde...». Silvio Berlusconi a mis les pieds dans le plat en dénonçant le «moralisme facile» des juges qui poursuivent des dirigeants d'entreprises italiennes accusés d'actes de corruption en Inde et en Algérie. Le propos fait scandale et pourtant…
Dans ce «moment d'égarement», le peu recommandable «Cavaliere» n'a pourtant fait qu'exprimer une vérité crue de l'ordre d'un monde intégralement dominé par l'argent. Bien entendu, Berlusconi prononce un discours à «décharge» à l'égard des corrupteurs en soulignant que c'est la «règle» dans les pays du Sud qui l'impose. C'est la partie la plus contestable de son moment de vérité où il a qualifié l'action des juges italiens de «pur masochisme» car «personne ne négociera plus avec Eni, Enel ou Finmeccanica». Les juges italiens n'ont fait en réalité que mettre à nu le caractère inséparable de la corruption des élites des pays du Sud avec celle des élites occidentales. Et ils ne font que confirmer, une fois de plus, que l'architecture des relations financières internationales, amplement dévoilée par la crise de 2008, est construite sur la dissimulation généralisée des superprofits et la structuration de l'évasion fiscale.
On se trouve bien dans un système organisé de la rapine à une échelle monumentale. Et personne n'ignore que les transactions commerciales internationales, notamment avec les pays pratiquement sans Etat au sens sérieux du terme et sans structures de contrôle, sont un gisement «d'enrichissement mutuel» des élites de pouvoir du Sud et du Nord. Il n'est qu'à voir les pays africains, cinquante ans après les fausses indépendances et, en tant qu'illustration de cette collusion criminelle, les réseaux - loin d'être exclusifs - de la Françafrique. Cela fait longtemps que la naïveté a disparu et que les yeux des plus candides se sont décillés. La corruption est un élément structurant des rapports internationaux. Les réseaux de commissionnement se sont globalisés et prospèrent sous la protection des Etats avancés. Il suffit d'observer l'apparente impuissance des Etats européens à juguler le phénomène des paradis fiscaux dans l'espace européen (Luxembourg, Monaco, Lichtenstein) qui relaient Hong-Kong et Singapour… Ils ont été rejoints au club du blanchiment global par les Emirats, le Qatar, nouveaux havres pour les transactions occultes et les recyclages.
Les propos de Berlusconi interviennent alors qu'une affaire d'au moins 200 millions d'euros de pots-de-vin concerne l'Algérie et où l'iconique ancien ministre de l'Energie est cité. Ce que reproche l'affairiste italien aux juges de son pays, c'est en fait d'avoir défendu l'Etat de droit en dévoilant le système. Eni, selon lui, ne pourra plus faire affaire en Algérie car sous nos cieux le dessous-de-table serait la «règle». Il ne faut pas essayer de discuter de l'immoralité notoire de Berlusconi, ni d'ailleurs des réactions indignées mais purement hypocrites à sa déclaration. Ce que ses propos révèlent à la suite de l'action «masochiste» de certains juges italiens est une règle constamment confirmée : plus l'Etat de droit est absent et plus la corruption est présente. Si la corruption est un simple dysfonctionnement dans les démocraties industrialisées (les juges parviennent de temps à autre à secouer le cocotier et personne ne va nu-pieds), elle est, chez nous, en Algérie et dans les pays du Sud en général, une véritable menace existentielle.
LA CORRUPTION EUROPEENNE EXPRIME LES INSUFFISANCES GRAVES DE L'ETAT DE DROIT, LA CORRUPTION ARABO-AFRICAINE MET EN PERIL DES SOCIETES TOUT ENTIERES. LA SORTIE DE BERLUSCONI EST CRUELLE POUR LE PAYS. IL AFFIRME QU'ENI OU D'AUTRES ENTREPRISES NE PEUVENT TRAVAILLER EN ALGERIE SANS LES « AMIS NECESSAIRES». DU HAUT DE SON OLYMPE D'HETAIRES, DE SOUTENEURS ET D'INTERMEDIAIRES GOMINES - BELLE IMAGE DE L'ITALIE -, BERLUSCONI PEUT SE PAYER LE LUXE D'AFFICHER SON CYNISME. CES DEMOCRATES ECLAIRES DU NORD PEUVENT DEPLORER AINSI NOTRE CORRUPTION TOUT EN PARTICIPANT GOULUMENT AUX RIPAILLES DE NOS VOLEURS.
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Posté Le : 17/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : K Selim
Source : www.lequotidien-oran.com