Algérie

Les courtisans de l'Afrique



Après une éclipse de près de six ans, le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (UE) et de l'Union africaine (UA), qui se tiendra en présentiel les 17 et 18 février à Bruxelles, fait reparler de lui sur la scène internationale. Le rendez-vous intervient dans un contexte de crises multidimensionnelles qui secouent les relations entre les pays des deux continents, dont les tensions qui caractérisent les dossiers de l'immigration et de la sécurité, ainsi que d'autres crises sanitaires, économiques et géopolitiques qui leur sont imposées par des circonstances mondiales hors de leur volonté.Et encore faut-il se demander si l'Europe pouvait vraiment voir l'Afrique autrement que son ancienne colonie, qui nécessite de chercher un nouveau profil aux relations entre anciens colonisateurs et colonisés ' C'est dire que la rencontre aura à faire face à pas mal de défis pour surmonter les difficultés qui se dressent sur le chemin d'un partenariat gagnant-gagnant entre les pays des deux continents. Notons l'absence de quelques pays africains au sommet en question, pas seulement parce qu'ils sont exclus de l'UA pour cause de coups d'Etat militaires, mais également à cause de rapports tendus avec les pays européens, dont la France, qui préside l'Union européenne et qui est à l'origine de l'impulsion ayant permis la tenue de ce sommet. Selon les ambitions du président français Emmanuel Macron, le sommet devrait permettre une «révision complète» de la relation UE-Afrique, en allant vers »un New Deal économique et financier avec l'Afrique, l'établissement d'un véritable système de paix et de prospérité pour renforcer les investissements dans les économies africaines» et «construire un avenir partagé». Des ambitions qui peuvent se heurter à la dure réalité du terrain et à la concurrence d'autres pays hors UE, qui veulent également construire des relations fortes avec le continent. Une vérité qui fait peser l'ombre de la Chine et la Russie, ainsi que d'autres pays, comme la Corée du Sud et le Japon, sur ce sommet, notamment dans ses principales parties liées à l'économie et à la sécurité. Le poids économique de la Chine en Afrique est très lourd, alors que la Russie, qui approvisionne en armes beaucoup de pays africains, déploie sa stratégie dans des pays africains naguère « chasse gardée » de puissances européennes. Tout l'enjeu des Européens est peut être placé à ce niveau de la crainte d'une perte absolue de l'influence sur un continent qui leur était acquis. L'objectif du sommet est clair pour le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, « faire ou refaire de l'Europe le partenaire de choix de l'Afrique », a-t-il récemment laissé entendre. Ce qui exige de rivaliser avec la Chine, la Russie et d'autres pays, qui ont fait de l'Afrique un partenaire de choix. Si la concurrence reste saine, ce n'est qu'un avantage pour l'Afrique, courtisée de toute part. Si elle sait tirer avantage de ses choix par rapport aux nombreux prétendants qui se bousculent pour réaliser des partenariats.


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