Algérie

Les cours tout court



On les appelle les «enseignants trabendistes» et ce n'est pas toujours un glissement sémantique qui a viré au dérapage. Les «cours de soutien», si ce n'est déjà fait, sont en train de devenir une véritable école? informelle. Et le pire n'est jamais loin dans le cas précis comme ailleurs.En Algérie, tout le monde vous le dira, dès que quelque chose est? promue au «statut» d'informel, elle devient l'authentique, reléguant l'officiel, le légal et le public au rang de figurant, quand il parvient à se maintenir dans un minimum de présence. Il suggère même une certaine ringardise, un anachronisme auquel ne s'accrochent que les pauvres ou quelques brebis galeuses qui nourrissent encore quelques illusions contre vents et marrées.Une bande de marginaux que le reste de la communauté, perspicace et à la page, invite au «bon sens» ou alors à se donner les moyens de faire comme tout le monde sous peine de décrépitude. On connaissait le commerce «parallèle» dans bien des créneaux supérieurs en volume, en masse financière et en «compétitivité» au commerce «normal».En l'occurrence, le marché «parallèle» des devises est le plus emblématique, puisqu'il est seul sur? le marché et se pratique devant les commissariats de police et les tribunaux ! Au point où sa désignation même par le terme «parallèle» est devenue franchement comique. Pour revenir à «l'école parallèle», autant dire que comme le commerce, elle devient florissante. Elle prospère d'autant que contrairement à l'activité commerciale qui ne s'est pas développée sur un terrain vierge, elle fait son bonhomme de chemin dans un environnement sans concurrence.Il n'y a pas un parent d'élève qui puisse se faire encore une illusion sur la capacité de l'école publique à donner du savoir à son rejeton. Et on n'en est même plus à rêver de savoir pour ses enfants, on est maintenant convaincus qu'elle est incapable d'assurer la progression formelle dans les différents paliers de l'éducation nationale ! C'est ce désespoir là qui fait que ce qui était censé être des «cours de soutien» est devenu les cours? tout court.Et bien sûr, une telle situation donne des idées. Dans un environnement où tout est opportunité à «mieux faire bouillir la marmite», beaucoup d'enseignants ont saisi l'aubaine, l'indigence de leurs conditions de vie y étant parfois pour beaucoup. De quelques enseignants proposant des cours de soutien aux élèves pour les examens de fin de cycle, le «phénomène» a essaimé jusqu'à atteindre des proportions inimaginables.Dans la foulée, se sont dégradées les conditions dans lesquelles sont dispensés les cours, leur qualité, le nombre des élèves pris en charge par un seul enseignant et surtout, ont flambé les prix ! Jusqu'à se demander, sans ironie, si cet enseignement informel n'est pas à l'image de celui qui l'a encouragé. N'est- ce pas que pour qu'il y ait des cours de soutien il faudrait d'abord qu'il y ait des cours? tout court '




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)