Algérie

Les coups de massue de Bedoui



Si le Hirak met en veilleuse les ambitions économiques du pays, la gestion de Bedoui les enterrera.L'avenir économique immédiat de l'Algérie est incertain, même si depuis le 22 février dernier, l'Algérie vit dans l'euphorie des manifestations populaires et de la revendication politique. Les Algériens ont montré une grande aptitude à bien gérer de gigantesques marches, sans avoir à se faire dicter leurs comportements. Le désir de liberté et d'engagement politique était tel, parmi une grande majorité du peuple, qu'il s'est établi désormais une nouvelle tradition: les manifestations publiques et hebdomadaires. Cela dit, l'émergence du peuple dans la cité comme l'un des acteurs majeurs dans le jeu du pouvoir, n'est pas né du hasard. Il y avait une situation qui devenait intenable. Il fallait agir pour y mettre un terme, le peuple a pris ses responsabilités et mis fin à l'ambition de pouvoir de l'ancien président de la République.
Cependant, l'exemplarité de sa révolution pacifique et la grande maturité de sa société qui séduit le monde, ne mettent pas, pour autant, l'Algérie à l'abri de soubresauts ayant traversé toutes les sociétés qui ont eu à vivre des expériences comparables. L'une des principales conséquences des événements qui occupent la scène nationale aura été de cesser de parler d'économie. L'enthousiasme qui caractérise l'ensemble des Algériens, depuis plus de trois mois, met en sourdine les défis économiques qui attendent le pays.
Néanmoins, quelques «experts» ne manquent pas de décrire un futur proche cataclysmique, en pointant un doigt accusateur à l'endroit de la gestion des gouvernements du 4e mandat. Ces «experts» qui prédisaient une inflation à quatre chiffres et une récession gravissime dès 2017 et que les indices économiques démentaient systématiquement, croient tenir leur «ticket», en annonçant un avenir économique noir.
Cette perspective qui n'était pas si évidente que cela, il y a quelques mois, devient de plus en plus probable, en raison des décisions anachroniques que prend le gouvernement Bedoui depuis sa nomination. Le démembrement de l'industrie mécanique, le coup de frein donné aux industries électronique et de l'électroménager, le changement brutal à la tête de Sonatrach, constituent autant de décisions malheureuses susceptibles de briser net une dynamique qui devait mener le pays à un statut d'émergent à l'horizon 2030.
Les mêmes «experts» qui critiquaient toute décision prise par les gouvernements d'avant le 22 février 2019, pavoisent à chaque coup porté par le gouvernement aux filières industrielles. Ils évitent d'évoquer les succès dans les industries du ciment, sidérurgique, textiles et «zooment» sur les «fortunes accumulées», sans apporter le moindre argument rationnel.
En attendant, les récentes mesures prises par le gouvernement Bedoui mettront au chômage des dizaines de milliers de jeunes algériens, réduiront l'attractivité du pays et raréfieront les investissements directs étrangers. Cela pour dire que si le Hirak met en veilleuse les ambitions économiques du pays, la gestion de Bedoui, appuyée par ses «experts», les enterrera.


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