Algérie

Les coupeurs de routes


Les coupeurs de routes
La fermeture récurrente des axes routiers par des groupes de manifestants en colère complique chaque jour la vie de millions d'Algériens. Il s'agit d'un sérieux problème qui paralyse, sans distinction, tous les secteurs d'activité. En guise de protestation, des barricades sont quotidiennement dressées quelque part, sur une route nationale ou départementale, pour poser divers problèmes sociaux. Pour une pénurie d'eau potable, un égout bouché, une panne de courant électrique, une piste à retaper, un dépotoir d'ordures à déplacer ou tout simplement une distribution litigieuse de biens sociaux, les gens recourent automatiquement au blocage de toutes les issues, compliquant les choses davantage. Les travailleurs peinent alors à rejoindre leurs postes. Les écoliers empruntent des chemins détournés pour rallier leurs écoles. Les entreprises se mettent automatiquement à l'arrêt faute d'approvisionnements et de livraisons. Les automobilistes, ainsi soumis aux aléas de la nature et de l'insécurité, sont injustement condamnés à l'attente incertaine d'une hypothétique réouverture de la circulation. Tout le monde est suspendu. Il arrive souvent que des malades et des victimes d'accidents, en cours d'évacuation vers les structures hospitalières, soient impitoyablement pénalisés. C'est vraiment insoutenable ! Accablés par l'indifférence et le laxisme des autorités locales, les contestataires ne croient plus aux moyens de lutte conventionnels. Le sit-in, la marche, le rassemblement devant les institutions concernées et le dialogue direct avec les responsables sont des méthodes jugées révolues par des administrés qui ne croient ni aux promesses ni aux engagements solennels des autorités. On passe directement à la mesure la plus extrême pour réclamer des solutions concrètes et urgentes. Ça ressemble à un chantage ! Confinées dans leur confort bureaucratique, l'administration et les assemblées élues ne font quasiment rien pour prévenir ce type de réactions excessives. Leur extraordinaire passivité exaspère souvent les mécontents. À force de se répéter au quotidien, les pouvoirs publics semblent même s'accommoder de ces mouvements. Mais cette culture de l'extrême doit absolument cesser pour le bien-être de tous. A Béjaïa, cet épineux problème persiste depuis des années. En raison d'une hausse unilatérale du ticket de bus, que la direction de tutelle avait jugée illégale, les habitants bloquent plusieurs routes nationales depuis le début de la semaine. À Kherrata, Darguina, Souk El Thenine, Tichy et Oued Ghir, les usagers des transports en commun ne décolèrent pas et exigent l'annulation pure et simple de cette énième augmentation. Les transporteurs, essentiellement privés, ne comptent pas céder non plus. En l'absence d'une intervention énergique des pouvoirs publics, ce bras de fer insensé engendre des pertes sèches pour de nombreuses entreprises locales. La direction du port de Béjaïa, à elle seule, parle d'un déficit qui se chiffre à 200 millions de centimes par heure. Des situations similaires sont journellement signalées un peu partout à travers le pays. À Tizi Ouzou, Sétif, Constantine, Oran ou Ouargla, les mêmes misères sont également infligées aux usagers de la route. L'absence de l'Etat est partout mise à l'index. Si les autorités jugent que la hausse du ticket de bus est injustifiée, qu'attendent-elles pour mettre les contrevenants en demeure et leur appliquer les sanctions qui vont avec ' Cette folle stratégie du laisser-faire mène droit au pourrissement et à l'affrontement.
K. A.
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