La suspension de l'UPM a été demandée formellement par l'Egypte, dans un souci de se montrer sensible aux récriminations formulées contre Israël par l'opinion arabe.
De l'Antiquité aux colonisations françaises et britanniques en passant par la guerre froide, la Méditerranée a toujours été l'espace mythique et privilégié d'enjeux stratégiques. Les tentatives de création d'un rapport gagnant-gagnant entre les pays du Nord et du Sud se sont multipliées ces dernières années sans jamais trouver la bonne formule. Les initiatives sont légion : dialogue euro-arabe dans les années 1980, politique européenne de voisinage (PEV), dialogue des 5+5 au processus de Barcelone en 1995, Euromed... Comme ses prédécesseurs, l'Union pour la Méditerranée (UPM) portait en elle les germes de l'échec. Lancée en grande pompe le 13 juillet 2008, l'UPM ambitionnait de « transformer l'espace méditerranéen en région de paix et de prospérité » par le biais de « réalisations concrètes comme la promotion de l'énergie solaire, le transport maritime, l'éducation ».La réticence des pays du sudMais derrière les discours volontaristes perce le désenchantement. La Méditerranée renferme une réalité beaucoup plus complexe. « L'Islam et la chrétienté, les colonisateurs et les colonisés, les développés et ceux qui aspirent à l'être, les pays pétroliers, l'instabilité du Proche-Orient, le conflit israélo-palestinien, la tension gréco-turque, l'incertitude et l'instabilité à l'est de la mer Adriatique : mille faits et autant de menaces interdisent de rêver », explique, dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, Edgar Pisani, ancien ministre français et premier président de l'Institut du monde arabe (IMA). Certains pays du sud de la Méditerranée étaient, dès le début, réticents à l'idée prônée par Nicolas Sarkozy, estimant que seuls les pays du Nord tireraient les avantages d'une telle opération.Un processus de barcelone bisLa déclaration la plus cinglante a été celle du guide libyen Maâmar Kadhafi : « Nous ne sommes ni des affamés ni des chiens pour qu'ils nous jettent des os. » Même exprimée dans un langage peu subtil, la phrase résume l'état d'esprit des populations du Sud. Puis de nombreuses erreurs ont été commises, comme si les leçons du passé n'avaient pas été prises en considération. L'UPM apparaît comme un processus de Barcelone « bis ». « Les pays de l'Union européenne ont omis de définir, dès le départ, le cadre de cette coopération qu'ils proposent à leurs partenaires, notamment dans les dimensions humaine, culturelle et même sociale », explique Jean Robert Henry, chercheur au Cnrs. Les pays du sud de la Méditerranée craignent que leur rôle ne soit limité à celui du gendarme contre l'immigration clandestine.Dans les faits, selon des observateurs, le principal objectif de l'UPM était de trouver un cadre permettant l'intégration de la Turquie et de faire oublier ses ambitions d'adhésion à l'Union européenne. Pour certains pays arabes, le problème de l'UPM tient en un mot : normalisation. Tant que l'Etat hébreu ne se retirera pas des territoires occupés en 1967 et qu'il ne change pas d'attitude envers les Palestiniens, il serait difficile de se mettre à la même table qu'Israël. Dès le 14 juillet 2008, lendemain de la création de l'UPM, les difficultés de création d'une entité regroupant Israéliens et Arabes commençaient à se faire sentir. La rédaction du texte codifiant la création de l'UPM a failli tourner au vinaigre à cause d'un mot. L'obstacle concernait le vocable « État nation, État national et démocratique ».Le coup fatal à l'UPM a été donné lors de l'offensive israélienne à Ghaza. La suspension de l'UPM a été demandée formellement par l'Egypte, dans un souci de se montrer sensible aux récriminations formulées contre Israël par l'opinion arabe, après le début des opérations militaires contre Ghaza, le 27 décembre 2008. La Libye avait déclaré, à cet effet, que l'UPM avait été « tuée par les bombes israéliennes ».Peu à peu, l'Upm renaît de ses cendres. Deux réunions se sont tenues ces derniers mois. D'abord le 25 juin 2009, avec une première réunion ministérielle à Paris sur l'environnement. Pas moins de 23 milliards d'euros y ont été mobilisés pour la réalisation du plan solaire et de projets dans le domaine de l'eau. Puis le 7 juillet dernier à Bruxelles, avec une réunion regroupant les ministres des Finances. Les représentants des 43 pays y ont pris part sans trop y croire.
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Posté Le : 13/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amel Blidi
Source : www.elwatan.com