Algérie

Les cosmétiques, la beauté et le bien-être Point net



Les cosmétiques, la beauté et le bien-être Point net
Une agence de communication va organiser, fin juin prochain, le premier «salon de la cosmétique, de la beauté et du bien-être». Passons sur les cosmétiques, ce n'est ni l'offre ni la demande qui manquent. Le marché, en Algérie comme partout dans le monde, est l'un des plus florissants, et ce n'est pas demain la veille qu'il connaîtra une crise de consommation.
Même si ça coûte cher d'être beau et que ça fait mal parfois, la beauté est dans la nature humaine. Quant au marché algérien, il regorge de produits contrefaits ou de piètre qualité, quand il ne sont pas tout simplement périlleux pour la santé des utilisateurs.
Les cosmétiques se vendent mieux que des petits pains, c'est connu. On a' beau chanter le charme au naturel, on a beau louer les vertus des bonnes vieilles recettes de grand-mère, on a beau délivrer des fatwas inquisitrices, les produits de beauté s'écoulent comme des' produits de beauté. Le marché est tellement florissant que les barbus illuminés, qui ne perdent jamais le nord quand il s'agit de business, ont investi le créneau dans de larges proportions, faisant du marché un quasi-monopôle.
Le marché est aussi tellement florissant que des enseignes de grandes marques sont venues s'installer dans la capitale et dans quelques grandes villes du pays en y installant des magasins avec pignon sur rue. On n'arrête pas le progrès, voilà donc pour «la cosmétique». Venons-en maintenant à la «beauté». Dans un pays où on en meurt, il est difficile de savoir s'il faut plus ou moins en parler.
La beauté a déserté nos espaces vitaux, pas évident qu'elle habite nos visages. La beauté est une culture et nous ne' cultivons que l'esthétique de bouchers. Le pimpant a pris racine dans tous les recoins de notre environnement et le mauvais goût devient un critère de promotion. La laideur lézarde nos murs et se fait vertu. Nous avons égaré le sens des belles perspectives et perverti la couleur des couleurs. Un salon de la beauté, ça manque ou il ne manquerait plus que ça ' Allons voir nos rues délabrées, nos villages massacrés, nos cafés nauséabonds et nos villes «fantômisées». Nous découvrirons nos visages sans traits, nos regards sans attraits et nos rêves sans trajectoire.
La beauté est un sacerdoce dont nous avons enterré la spiritualité apaisée. La beauté se vit et se crée pendant que nous agonisons dans la paresse. Un salon du bien-être. Est-ce que nous y «sommes» déjà pour pouvoir prétendre au bien-être ' A Oran, l'espace de quelques jours, il y aura certainement de «la cosmétique». Il y en a toujours et partout, en quantités industrielles sans l'industrie. Nos femmes se fardent contre le mal-être profond, contre la férocité des hommes et contre la stérilité du sol. Un salon de la beauté et du bien- être dans un pays annexé par le plastique et le plastic. Il fera beau à Oran, il fait toujours «beau» en été si tant est que le soleil suffit.
On ira manger dans les gargotes de douar, indus occupants d'une pêcherie assassinée. On se promènera sur le boulevard front de mer orphelin des jeunes couples enlacés regardant au loin voler les mouettes. Il n'y a même plus de mouettes. Il y aura seulement des cosmétiques. Comme toujours et partout. La beauté et le bien-être, il faudra les réinventer et nous sommes trop paresseux.


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