Les corps et la patience à rude épreuve : « Maman, c'est quand qu'on arrive ' »

Mais tout de même. Parcourir près de 300 kilomètres sans croiser aucune aire de repos ou de structures de restauration reste une épreuve pour le corps et les nerfs. L'on sait par exemple que la concentration d'un conducteur est durement malmenée par les longs trajets. Sous d'autres cieux, et afin d'éviter les accidents dus à la fatigue et à la diminution des réflexes, l'on préconise une halte, voire même un somme, dès l'apparition des premiers signes d'engourdissement. Ce que n'offre pas cette nouvelle autoroute, de même, pour se restaurer, se rafraîchir ou se soulager. Il faut, au départ de Bouira, attendre 122 kilomètres avant de croiser une pompe à essence. Et encore, l'on est averti qu'une fois l'embranchement menant vers la ville d'El Achir dépassé, localité elle-même non clairement signalée avant la bifurcation. Peut-être de par sa renommée « gastronomique », c'est le site choisi par de nombreux voyageurs dans leurs escales déjeuners ou autres. D'ailleurs, les restaurants font le plein. Et il n'est pas chose aisée de trouver une place de stationnement devant les snacks qui longent l'entrée de la bourgade.C'est même avec soulagement que l'on se dégourdi les jambes, que l'on s'attable ou que l'on se précipite vers les sanitaires. « C'est un calvaire. L'on vient de France, via le port d'Alger, et c'est notre première pause depuis des heures ! », s'écrit une mère de famille en se passant de l'eau sur le visage. Et si la patience des adultes est mise à rude épreuve, que dire de celle des plus jeunes. « Nous voyageons avec nos trois enfants, deux fillettes et un nourrisson. Nous avons été avertis que le voyage était éprouvant, donc je pensais avoir été prévoyante », explique-t-elle. Mais les imprévus s'en mêlent toujours ! « Les petites ne tenaient pas en place, pressées qu'elles étaient d'arriver. Puis elles voulaient aller aux toilettes. Et pour ne rien arranger, elles ont été malades, tout comme ma belle-mère, âgée. Mais impossible de s'arrêter », relate-t-elle, tentant tant bien que mal de débarbouiller l'une de ses filles. « Mais, au moins, nous arriverons plus vite à Annaba ! », conclut-elle. Alors, certes, cette autoroute est une révolution pour les millions d'Algériens qui, durant cette saison estivale, traverseront le pays. Toutefois, en attendant la livraison des équipements de l'infrastructure, la vigilance est de mise, ainsi que la prévoyance. Alors, petites vessies, éviter les boissons autant que faire se peut. Parents d'enfants en bas âge, prévoyez des divertissements pour vos bambins. Et pour les fringales, inévitables durant les longs trajets, n'oubliez pas de faire quelques réserves.