Algérie

Les contre - Maître Arab Ainouz : «Je suis pour l'abolition de l'abolition»



Les contre - Maître Arab Ainouz : «Je suis pour l'abolition de l'abolition»
L'avocat sait de quoi il parle. Emigré en France depuis 1955 alors qu'il n'avait que 17 ans pour subvenir aux besoins de sa famille, il sera un militant de la cause nationale, membre d'un groupe de «la Spéciale », l'organisation du FLN chargée des actions armées. Il sera arrêté le 28 Septembre 1958 pour àªtre jugé dans quatre procès. Il séjournera dans plusieurs prisons comme Loos-Lille, Douai. Il écopera de plusieurs condamnations dont une à  mort le 10 mars 1960. Il comparaissait devant le tribunal permanent des forces armées pour avoir pris part à  l'attaque d'un commissariat à  Rouen. Il ne retrouvera la liberté que le 10 mai 1962. Ecouter Maître Ainouz dont on peut lire quelques émouvantes lettres adressées à  ses avocats (il fut défendu par Vergès, Oussedik, Benabdellah, Moureaux) dans un livre de Patrick Kessel et Giovanni Pirelli paru en 1962, c'est d'abord comme feuilleter quelques pages de l'histoire. Des noms de personnages comme Salah Louanchi, Boudaoud, Ahmed Bencherif qui fut son compagnon de détention défilent. Il garde de cette période exaltante la fraternité des Algériens, le rêve d'une Algérie démocratique. Quelles que soient les désillusions, je ne peux que rester fidèle à  la mémoire de ceux qui sont morts avec un idéal propre». C'est ce qu'il répondit récemment à  une jeune avocate à  la fin d'une conférence organisée il y a quelques mois par le barreau de Tizi Ouzou. L'homme a gardé sa franchise et son franc-parler abrupt. «Non, nous dit-il dans son cabinet ou sur un mur on peut voir un cadre constitué des photos de ses compagnons de détention dans le pénitencier de Béthune dans le Nord, je ne suis pas pour l'abolition de la peine de mort». Rien ne le fera changer d'avis. Sa formule est saisissante. «Je suis pour l'abolition de l'abolition». «Pour les violeurs d'enfants, pour ceux qui font subir les pires sévices à  ces àªtres fragiles et sans défense, il ne faut pas avoir de pitié». Il balaie d'un revers de main les arguments des défenseurs de l'abolition. «Je voudrais bien savoir s'il garderait la même attitude s'ils se retrouvaient un jour dans le camp des victimes. Penseraient-ils alors et diraient-ils la même chose '» . Une seconde catégorie mérite aussi, selon lui, le châtiment suprême. «Ce sont les terroristes qui ont enfourné des bébés et des enfants. Ceux-là se sont dépouillés de leurs attributs humains, se comportent comme des animaux enragés et ne méritent nulle compassion ou pardon». Pour lui, plaider pour l'abolition en se référant aux militants guillotinés durant la guerre n'est pas logique. «Ceux qui ont été condamnés par une justice colonialiste dont ils connaissaient le caractère discriminatoire que nous ne reconnaissions d'ailleurs pas. C'était le prix d'un engagement assumé. Ne parlez pas à  maître Ainouz de peines de substitution comme la perpétuité. «En dehors de l'émasculation, rien ne peut remplacer dans le cas des viols sur enfants la peine de mort. En dehors de ces deux catégories, d'autres cas comme les homicides peuvent se discuter. Sûr de lui, il se dit prêt à  un débat à  la télévision. «Même avec Badinter».


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