M. Benbouzid tient enfin sa victoire. Après plus de 40 jours de grève de la faim, les 55 enseignants contractuels et suppléants ont suspendu leur mouvement de protestation.
Sans avoir obtenu ni l'intégration dans leur poste ni le paiement des arriérés de salaire. La suspension de la grève de la faim, reportée pour après Ramadhan, a été annoncée hier par les animateurs du Conseil national des enseignants contractuels (CNEC) lors d'une conférence de presse organisée au siège du Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap), à El Harrach. Une décision qui est loin de faire l'unanimité au sein même des grévistes de la faim. Du moins, selon une enseignante qui affirme que la « majorité » de ses camarades voulait « poursuivre le mouvement de grève ».Meriem Maârouf, porte-parole du CNEC et les membres du conseil national, justifie la suspension de la grève par le souci de préserver la vie des grévistes, dont l'état de santé n'a cessé de se détériorer depuis l'entame du mouvement, le 14 juillet dernier. « Nous ne voulons pas qu'il y ait mort d'homme », affirme la porte-parole du CNEC. Le Conseil national de la santé, branche syndicale du Snapap, a pesé de tout son poids dans le report de la grève. Une réunion marathon a eu lieu samedi au siège du Snapap, « hébergeur », et a débouché sur cette résolution.Rassemblement demain à la présidenceLes menaces du secrétaire général du ministère de l'Education nationale, Boubekeur Khaldi, proférées à l'endroit du Snapap, ont, elles aussi, porté leurs fruits. Rappelons que lors d'un point de presse tenu mardi dernier, M. Khaldi a vertement mis en garde le syndicat en question qu'il accuse de vouloir « instrumentaliser » la cause des enseignants contractuels. Il n'a pas hésité également à lui faire endosser la « responsabilité » d'un éventuel « drame ». « Que les uns et les autres assument leurs responsabilités, avait-il déclaré ce jour-là. Défaits mais pas résignés. Le CNEC appelle à un rassemblement, demain, devant le palais de la Présidence, à El Mouradia. Les trois précédents rassemblements ont été violemment empêchés par les services de police. Les animateurs du CNEC comptent, en plus de la reprise de la grève après le Ramadhan, se joindre aux actions conjointes des syndicats autonomes qui annoncent des mouvements de contestation pour la veille de la rentrée sociale.L'indifférence de BenbouzidUn sursis pour le département de M. Benbouzid, qui s'est particulièrement distingué par une indifférence exemplaire aux souffrances des grévistes. « Pendant les 40 jours de grève de la faim, pas une fois le ministère n'a daigné envoyer une commission médicale à l'effet de s'enquérir de l'état de santé de enseignants en grève », se désole un des animateurs. « Pendant ce temps, ajoute-t-il, 48 des 55 grévistes ont été évacués vers les urgences de l'hôpital Zmirli (banlieue est d'Alger). 10 d'entre eux ont été 'dispensés' de la grève vu la dégradation de leur état de santé. Certains grévistes auraient perdu pendant ce jeûne prolongé plus de 66% de leur poids et souffrent de troubles multiples. Une situation annonciatrice d'un drame imminent mais qui n'a pas pour autant fait infléchir la décision du ministère qui campe sur une rejet en bloc des revendications des enseignants. »« Khaldi est très sélectif quand il se réfère à l'ordonnance 06-03 du 15 juillet 2006 portant statut général de la Fonction publique. Nous l'invitons à réviser l'article 80 qui dit que le recrutement dans un emploi de la Fonction publique s'effectue non seulement par voie de concours (sur épreuves ou sur titres) mais aussi par voie d'examen professionnel ou par un recrutement direct, ouvert aux candidats qui ont subi une formation spécialisée. Nous rappelons à ce titre au SG du ministère que nous sommes diplômés des universités, et pouvons, si besoin est, subir un examen professionnel puisque nous avons largement de l'expérience dans l'enseignement. » L'argument du respect de la loi mis en avant par le ministère est des plus inappropriés, estime-t-on au CNEC. Les pouvoirs publics ont eu à régulariser en 1993, 2001 et 2006 trois vagues d'enseignants contractuels. Plus de 43 000 en 2001, selon Khaldi, qui se dit opposé à une intégration automatique des contractuels et suppléants. Ils seraient 45 000 selon les syndicats, 26 000 d'après le ministère de l'Education.
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Posté Le : 25/08/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohand Aziri
Source : www.elwatan.com