Algérie

Les constructions «modernes», inachevées défigurent le village kabyle Tizi Ouzou



Les constructions «modernes», inachevées défigurent le village kabyle                                    Tizi Ouzou
Photo : M. Hacène
De notre correspondant à Tizi Ouzou
Lakhdar Siad

L'habitat reflète une certaine manière de vivre d'une communauté et la culture des populations. Il est l'une des expressions, artistiques parfois, sur les goûts de la population d'une région donnée et fait toujours l'objet d'études de chercheurs de disciplines des sciences humaines et techniques. En Kabylie, on pourrait remonter les étapes de l'histoire, ancienne et récente, de ses habitants, en s'attardant sur les constructions locales et les divers changements et retouches apportés à travers les siècles, suivant les mutations et les frottements de la société locale aux autres cultures, européennes, française notamment. Mais le développement de l'architecture des maisons de la région n'a pas que des côtés positifs ; en plus de perdre un peu et parfois même beaucoup de son identité, l'habitat local s'est transformé en un mélange de goûts et d'origines aussi hétérogènes que mal appropriés par les adaptateurs. Résultat ' Des constructions qui ne rappellent rien de l'histoire des populations de la région de Kabylie, des mariages impurs d'architectures et de plans pris et adoptés au pifomètre.A ce propos, l'ex-ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Mohamed Nadir H'mimid, lors d'une visite effectuée dans la wilaya de Tizi Ouzou, plus précisément à l'ex-marché des fruits et légumes (38 862 m2), où sont prévues des infrastructures d'utilité publique, il avait mis en exergue l'aspect architectural et souligné l'importance d'une architecture typique et monumentale qui demande, selon son avis, à ce que le projet soit dirigé par un seul responsable. Un autre représentant du gouvernement avait, aussi, averti contre «le détournement des aides à l'autoconstruction et toute tentative de dévoiement de la finalité des aides à la construction en opérations de construction de taudis, au rafistolage de vieilles bâtisses ou, encore, à l'érection de carcasses de maisons demeurant éternellement à l'état de non finition», tout en projetant de créer un fichier local des constructions laissées à l'état d'abandon par leurs propriétaires. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui considère la crise du logement comme l'une des priorités de son gouvernement car elle «représente un danger pour la stabilité du pays», a jugé «vital pour le développement socioéconomique du pays de réduire la pression sociale sur le logement par de nouveaux programmes» de logements publics, locatifs, estimant que la résorption de la crise du logement «est la mère des batailles». Son ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, M. Tebboune, a, quant à lui, insisté sur les retards accusés dans la réalisation des programmes et les défauts qu'on relève, à chaque fin de chantier, sur des logements théoriquement réceptionnés mais jamais achevés, et cela dans tout le pays. Le programme de l'habitat rural dans la wilaya de Tizi Ouzou en est la meilleure démonstration à ce sujet. Pour justifier cet état de fait, certains opérateurs évoquent la cherté des matériaux de construction et la rareté du foncier constructible. On rappellera que sur un total de 64 320 aides publiques allouées depuis début de l'année 2004, seulement 29 517 constructions ont été achevées au 15 mai 2012, selon des chiffres de la direction du logement et des équipements publics (Dlep), aussi, sur 17 830 aides non mises en chantier, dont 17 388 du programme 2010-2014, il est noté que 12 635 ont fait l'objet de répartition à leurs bénéficiaires, alors que 3 000 aides ont été attribuées pour la prise en charge des dégâts causés par les intempéries de l'hiver dernier. On souligne que 1 753 aides ne sont pas encore attribuées (auxquelles il faudra ajouter les 442 aides des programmes antérieurs à 2010, restées en l'état en raison de «postulants défaillants». Globalement, la même direction a prévu pour l'année en cours (2012), la livraison de 8 967 logements sur un programme, au 31 décembre 2011, de 16 973 unités et le lancement de 10 930 logements sur un programme de 17 830 habitations. Cela dit, ces «contraintes», que les responsables signalent à chaque présentation de bilan du secteur dans la wilaya, ne participent pas à améliorer le paysage déjà hideux de nombres de quartiers périphériques des grands chefs-lieux urbains de Kabylie et surtout des villages kabyles, défigurés par l'anarchie de quelques bâtisseurs d'un autre âge. Les pouvoirs publics ne veulent pas comprendre que 700 000 dinars ne servent même pas à financer le terrassement de la construction en montagne. A quand une décentralisation de la décision dans notre pays '


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