A. Lemili
La mercuriale peut être diversement appréciée par les personnes qui ont pour habitude de hanter les marchés. Selon qu'elles soient alarmistes de nature et en difficulté avec les conséquences qu'a le mois de Ramadhan sur leur état moral, condition physique, celles-ci crieront à la flambée des prix sans commune mesure comparativement à l'année écoulée.
Evidemment le même discours, à tort ou à raison, sera resservi l'année d'après. Ils s'en trouvent qui considèrent que les prix sont relativement normaux, voire raisonnables comparativement à ce qui était prévu et enfin il y a ceux qui n'ont rien à voir ni avec les uns ni avec les autres.
C'est dire donc qu'en l'absence d'indices mathématiques qui tiendraient alors compte du coût de la vie, le taux d'inflation, le niveau social des ménages et la nature même de ce qui est consommé selon la qualité du produit et donc selon ce que peuvent se permettre les bourses, il demeure pour le moins arbitraire de jurer que les prix ont flambé à hauteur des marchés constantinois dans la mesure où dans leur ensemble les consommateurs sont à chaque fois fin prêts pour la déprime. Tout cela n'exclut pas néanmoins le fait que le budget mensuel de chaque famille est pratiquement doublé au cours du mois de Ramadhan, sauf qu'il faudrait mettre sur le compte de cette hausse des achats qui ne servent pratiquement à rien parce qu'ils terminent leur course dans les ordures ménagères à l'image des confiseries, pâtisseries traditionnelles et autres gadgets culinaires à la composition hétéroclite mais autrement perçus par le consommateur.
Il suffirait pour cela de remarquer l'affluence autour des commerces de pâtisseries et les étals ponctuels de vendeur de pain «amélioré», briks, halva turc, zelabia, beignets mais aussi de fruits comme le melon, la pastèque et d'autres plus exotiques pour les plus riches.Un produit comme la pomme de terre, la tomate, l'oignon qui constituent, quelque part, des éléments incontournables dans toute préparation culinaire sont demeurés stables au même titre que les viandes rouges, au moment où les viandes blanches ont vertigineusement grimpé, leur prix augmentant parfois de plus de 35% sans pour autant que cela ait rebuté les acheteurs contrairement à ce qui s'est passé, selon ce qui a été rapporté par les médias, à Djelfa où le boycott du poulet par les consommateurs a conduit au dépérissement de stocks importants amassés par les spéculateurs. Par ailleurs, il ne faut pas omettre de souligner qu'une quinzaine de jours avant le premier jour de jeûne, la majorité des habitants de la ville des ponts avaient déjà opéré une véritable razzia sur les marchés, les superettes, les coopératives pour acheter et stocker l'essentiel. En somme, la mercuriale à Constantine et la folie qui lui est prêtée sans doute comme partout ailleurs à la limite de l'image allégorique n'a pas réellement d'emprise sur le moral des consommateurs et freine encore moins la frénésie atavique qui les prend chaque année. A l'exception des économies jusque-là réalisées et qui flamberont pour de toutes autres considérations que la flambée des prix, le budget familial aurait eu tendance à ne pas trop déborder pour peu que les jeûneurs aient eu à faire leur le principe d'ascétisme recommandé par le Coran.
A. L.
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Posté Le : 17/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : La Tribune
Source : www.latribune-online.com