Algérie

Les consommateurs optent pour la prudence



Hier, samedi, un jour de repos qui coïncide avec les préparatifs du mois de Ramadhan, était attendu comme une journée de la frénésie des achats de produits alimentaires, fruits et légumes, agroalimentaires et autres, à l'instar des ustensiles de cuisine devenus, ces dernières années, un rituel pour la ménagère en guise d'accueil du mois sacré. Mais Ramadhan 2021 présente un cas de figure paradoxal, imprégné de la hausse galopante des prix observée, de tous les produits de large consommation, notamment. Ce qui pousse la ménagère à adopter un comportement tout autre : celui de la restriction, le rationnement et la discipline.Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - C'est ce qui ressort de la tournée d'hier, à travers les rues et marchés de la capitale, où tout porte à croire qu'il s'agit d'une journée ordinaire, sauf que la foule était particulièrement plus dense. La population algéroise n'est certes pas matinale le week-end, mais, au fil des heures, elle grossit de plus en plus dans les rues et autour des étals des marchés couverts. Si, par le passé, les étalages étaient à moitié vides dès la mi-journée pour commencer à se vider entièrement au cours de l'après-midi, ce n'était plus le cas hier, puisque dans certains commerces de fruits et légumes, la marchandise est restée presque intacte. Questionné sur le sujet, un père de famille, habitué du marché de Belouizdad, nous révèle que les prix sont forts dissuasifs cette année, et que de ce fait, il décide de rationner ses achats.
C'est dans le même sens qu'abonde une ménagère rencontrée aux alentours du marché de Bab-el-Oued. Par le passé, « je faisais le plein en perspective des premiers jours du mois de Ramadhan ». Autrement dit, elle assurait la ration alimentaire de la famille et en tous produits pour les premiers jours du mois sacré. Elle admet, néanmoins, que les achats de la veille du Ramadhan de cette année sont similaires aux journées ordinaires. Pour preuve, le caddie qu'elle traîne n'est pas assez consistant. « Pour ce qui est des fruits et légumes, je me suis alimentée le plus normalement du monde, c'est-à-dire un kilo de chaque produit, et la moitié pour les produits les plus chers », avoue-t-elle. Pas loin, un sexagénaire, accompagné de ses deux petits-fils pour la circonstance, nous confie qu'il considère les achats des journées qui précèdent le début du mois sacré comme ceux d'une journée tout à fait ordinaire. Les prix affichés y sont pour beaucoup. « Je me contente de l'essentiel, tout en rationnant au mieux mes dépenses », témoigne la même personne, qui a rempli à moitié son couffin. Et si par le passé les ustensiles de cuisine constituaient l'attrait de la ménagère en pareille circonstance, hier, dans les rues d'Alger, les étals improvisés connus pour attirer la grande foule étaient demeurés presque intacts. Un jeune vendeur habitué des accessoires de cuisine avoue que la journée du samedi tant attendue s'apparente à toutes les autres journées.
« En pareil événement, la moitié de la marchandise est déjà écoulée dès l'après-midi », réplique-t-il, montrant les assiettes, bols, couteaux, et autres accessoires, exposés à même le sol. Quant aux magasins spécialisés dans les effets de cuisine, ils n'ont pas connu l'engouement d'antan. Un propriétaire de la rue Hassiba le confirme bien. « Le chiffre d'affaires, déjà sous le coup de la situation sanitaire de coronavirus, a subi aujourd'hui un sérieux revers », se lamente-t-il, comme pour signifier que la journée tant attendue n'a pas répondu à ses espérances.
Cette journée ordinaire qui a fini par prendre l'allure d'un non-événement est constatée aussi chez les bouchers de la capitale, autrefois pris d'assaut dès la matinée, où la clientèle s'approvisionnait en grosse quantité de viandes rouges et blanches. L'un d'eux au marché Réda-Houhou (ex-Clauzel), au coeur de la capitale, reconnaît que c'est sous l'effet de la hausse des prix que la clientèle a pris conscience de l'utilité de la discipline dans l'approvisionnement en prévision d'un « long mois ». Un client d'un certain âge, rencontré à l'intérieur du même commerce, avoue que le temps des achats en prévision de la semaine du premier mois est révolu. « J'ai fait mes courses à l'instar des jours habituels, me contentant du juste minimum », révèle-t-il, prenant l'exemple des dattes ; il avoue s'être contenté d'une quantité de 500 grammes au lieu des deux ou trois kilos des années précédentes. « Je m'approvisionne selon les stricts besoins », commente-t-il.
Du reste, même si la population algéroise est sortie hier en nombre, jour férié, mais aussi qui devait constituer le jour de la ruée sur les étals, circonstance oblige à deux jours du mois sacré, il n'en est rien en fin de compte. La hausse des prix de presque la totalité des produits a imprégné un nouveau comportement chez la clientèle, marqué par la discipline de consommation et la restriction des achats. Certaines personnes qui désapprouvent le gaspillage ont accueilli favorablement le comportement de la clientèle observé hier dans les rues d'Alger. « C'est pour la première fois en pareille conjoncture que je constate une discipline chez le consommateur et la réduction de ses charges », commente l'un d'eux.
A. B.


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