Algérie

Les conflits sociaux ont refait surface



Plus que jamais, l'année qui s'achève aura été celle de la fin de la trêve sociale. Et pour cause, l'accalmie imposée par la situation sanitaire a été rompue par les syndicats autonomes. Aux revendications récurrentes est venue s'ajouter une érosion rarement égalée du pouvoir d'achat, poussant les syndicats à choisir la voie de la protestation. Les secteurs de la santé et de l'éducation détiennent, une fois de plus, la palme d'or des secteurs qui ont connu le plus de mouvements de grève.Nawal Imès - Alger (Le Soir) - À peine l'année 2021 avait-elle commencé que les signes de l'agitation du front social se faisaient déjà ressentir. La Confédération des syndicats autonomes (CSA), regroupant les représentants des secteurs de l'éducation, de la santé, de l'enseignement professionnel, mais également de l'administration publique, sonnait la fin d'une accalmie qui avait duré plus de deux années.
Le contexte politique puis la survenue de la pandémie de Covid-19 avaient mis en berne toute activité syndicale. Et c'est justement les conséquences de cette même pandémie qui ont fini par convoquer, une fois de plus, les syndicats sur le terrain de la revendication.
L'érosion du pouvoir d'achat, la perte d'emploi mais également les conditions de travail qu'a imposés la gestion de la pandémie, notamment dans le secteur de la santé et de l'éducation, ont éprouvé le personnel. Et c'est sans surprise que ces deux secteurs arrivent en tête en matière de nombre de conflits sociaux. Début février dernier, la Confédération des syndicats autonomes donnait le la, affirmant que les problématiques du pouvoir d'achat et l'inflation galopante allaient rythmer l'année.
Et ce fut le cas. Le Cnapeste n'avait pas attendu longtemps avant d'ouvrir le bal des grèves. Avec une liste de revendications qui avoisine la dizaine, le syndicat avait appelé ses adhérents à débrayer pour, une fois de plus, remettre sur le tapis les questions qui agitaient l'ensemble des syndicats et relatives au pouvoir d'achat, mais également des revendications plus spécifiques au secteur. Aux problèmes récurrents dont le secteur a hérité après des années d'une gestion pas toujours des plus efficientes sont venues s'ajouter de nouvelles problématiques nées de la gestion de la pandémie. Les nouveaux plans pédagogiques ont éprouvé les enseignants et poussé une grande majorité d'entre eux à protester.
Autre bombe à retardement que les différents ministres qui se sont laissé en héritage, celle du statut particulier. Là encore, les syndicats se sont fait entendre pour dénoncer les irrégularités qu'il contient. Jusque-là considéré comme une ligne rouge, le dossier a fini par être ouvert sous la grosse pression de syndicats.
Les syndicats attendent toujours de connaître l'issue de ce processus puisque la commission installée pour sa révision poursuit toujours son travail. Dans le secteur de la santé, la question des dispositions du statut est également contestée par les syndicats.
Si chacun d'entre eux avance sa vision pour une révision plus équitable, là où ils se rejoignent, c'est au niveau de l'impératif d'améliorer les conditions de travail du personnel de la santé, toutes catégories confondues. Là aussi, la pandémie a mis à nu le système de santé. Tour à tour, les syndicats sont montés au créneau pour réclamer de meilleures conditions de travail. Il y a tout juste quelques semaines, la Coalition nationale des syndicats de la santé est née, regroupant huit syndicats du secteur.
Comme première action, elle avait choisi d'organiser une journée de colère à travers l'ensemble des structures de santé, pour faire part du ras-le-bol des professionnels du secteur. L'année s'achève également avec au moins deux autres conflits latents, puisque les avocats n'ont pas fini de protester contre les dispositions de la loi de finances 2022 qui a introduit un nouveau régime d'imposition.
Après avoir boycotté les audiences, lancé un appel pressant au président de la République, les robes noires ne baissent pas les bras. Les médecins libéraux sont dans ce même état d'esprit, puisqu'ils sont également soumis à un nouveau régime d'imposition qu'ils contestent. C'est dire que les conflits de l'année qui se termine connaîtront encore des rebondissements dans les quelques semaines à venir.
N. I.


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