Algérie

Les conducteurs de locomotives veulent créer leur syndicat autonome La Sntf à l'épreuve de l'«aristocratie ouvrière»



On en sait désormais un peu plus sur les intentions des conducteurs de locomotives, en grève ouverte depuis une semaine. Derrière un motif de «solidarité» avec un de leur collègue, impliqué dans un accident de train mortel en août 2011 à Corso, près de Boumerdès, se cache en réalité une volonté de créer un «syndicat autonome», selon une source proche de la Société nationale de transport ferroviaire (Sntf). Cette doléance a même été posée sur la table de négociation, jeudi dernier, entre les représentants des grévistes et la direction de la Sntf représentée par le responsable des ressources humaines, M. Noureddine Dakhli. Selon notre source, la direction de la Sntf «ne s'oppose pas» à la création de ce syndicat «corporatiste» pour peu que les intéressés passent par les voies réglementaires. La même source précise que les conducteurs de locomotives ne sont «mus» que par l'unique souci de défendre leurs intérêts intrinsèques, notamment la reconnaissance par l'Administration des maladies professionnelles. Un corporatisme syndical qui rappelle étrangement des pratiques qu'on a cru révolues, à l'époque de l' «aristocratie ouvrière» des années 1970. Il fallut toute la fermeté et la vigueur de feu Boumediène pour que les choses rentrent dans l'ordre. Voilà qu'aujourd'hui on assiste à une résurgence des anciennes pratiques, à la faveur des grèves répétitives et intempestives des conducteurs de locomotives. Le mouvement, qui boucle aujourd'hui son 7e jour, est pourtant déclaré illégal par une décision de la justice en raison de son caractère antiréglementaire. Ce débrayage des conducteurs pourrait avoir un effet d'entraînement en impliquant les autres catégories de travailleurs. Une situation délicate pour la Sntf qui «ne dispose pas de ressources financières nécessaires à même de répondre favorablement aux exigences salariales de l'ensemble de ses employés», estime notre source. Il convient de rappeler que la Sntf a, durant les 3 dernières années, consenti de substantielles augmentations (y compris les primes) pour l'ensemble des catégories. Les conducteurs ont vu leur salaire net moyen passer de 29 000 DA, en 2008, à 60 000 DA, en 2012. Il est utile de rappeler que les employés de la Sntf ont bénéficié en 4 ans (de 2008 à 2011) de 15% d'augmentation sur leurs salaires. En 2008, le personnel d'exploitation de la Sntf affilié à la Fédération des cheminots a bénéficié de 5,6% d'augmentation, tandis que l'année suivante l'augmentation a été portée à 15%. En 2010, il a été enregistré 19% d'augmentation. Enfin, en 2011, les travailleurs ont bénéficié de plus de 20% d'augmentation. En date du 3 octobre 2011, la Sntf a reçu une plateforme de revendications émanant de la Fédération des cheminots. Le 12 juin 2011, un protocole d'accord a été signé entre la Fédération des cheminots et la direction de la Sntf. A la faveur de cet accord, il a été convenu d'une augmentation des salaires de plus de 20%, en plus de la mise en place de nouvelles indemnités. Quatre jours plus tard, soit le 16 juin, la direction de la Sntf a décidé l'octroi d'un rappel à partir de janvier 2011. Une décision approuvée par les cheminots. Une fois de plus, les conducteurs se désengagent, à la grande surprise de la direction de la Sntf qui ne s'explique pas les multiples volte-face. A noter que des sanctions administratives ont été enclenchées par la direction de la Sntf à l'encontre des grévistes.
Y. D.


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