Algérie

« Les condamnations injustes ne sauraient me dissuader »



La prison ne lui fait pas peur. La mort non plus. Alité au Centre hospitalo-universitaire (CHU) Farhat Hached, à Sousse, Fahem Boukaddous, journaliste tunisien et fervent opposant au régime policier de Zine El Abidine Ben Ali, affiche une détermination sans faille à ne reculer devant rien. « Les condamnations injustes ne sauraient m'en dissuader, même si c'est au péril de ma vie que je suis prêt à sacrifier sur l'autel de la liberté et de la démocratie », souligne-t-il dans une lettre ouverte rendue publique hier. Courageux et téméraire, le journaliste décortique dans sa lettre la machination policière dont il est victime. Admis en urgence le 3 juillet au service de pneumologie du CHU Farhat Hached suite à une crise d'asthme sévère, le journaliste n'a pas échappé aux sbires de Ben Ali. Condamné en première instance à quatre ans de prison ferme pour « participation à une entente criminelle ayant pour but de porter atteinte aux personnes et aux biens et pour diffusion d'informations de nature à troubler l'ordre public », il voit sa peine confirmer en appel le 6 juillet, soit trois jours plus tard, alors qu'il est hospitalisé et donc absent au procès pour motif de santé. « L'opinion publique est certainement déjà au courant du calvaire que j'ai vécu et que je vis encore depuis une semaine », indique-t-il dans la lettre.Le jugement, considéré par le concerné « sévère » et « inique », a été rendu en violation flagrante du code de procédure pénale qui prévoit que quand un accusé est hospitalisé, le procès est automatiquement reporté. L'hôpital où se trouve le journaliste est encerclé par des policiers en civil qui attendent qu'il quitte son lit d'hôpital pour l'arrêter et l'envoyer au cachot. Fahem Boukaddous, qui subit d'énormes pressions depuis plusieurs mois, veut par sa lettre attirer l'attention de l'opinion publique internationale sur la « gravité » de sa situation et, par ricochet, sur les libertés en Tunisie. Fahem Boukaddous, comme il l'explique dans sa lettre, souffre depuis 20 ans d'une insuffisance respiratoire chronique due à des crises récidivantes d'asthme sévère.Une pathologie lourde qui a atteint un stade avancé, devenant de plus en plus handicapante, physiquement et psychologiquement. « Mon transfert en prison est une véritable condamnation à mort », alerte-t-il. Il explique que son choix de la profession de journaliste est irréversible, car il s'agit d'un « engagement au service de la liberté d'expression, par amour de la vérité et de l'intégrité ». Il se dit ainsi « prêt à assumer ce choix et à emprunter le même chemin de ceux qui m'ont précédé, avec autant d'audace et de courage ». Le journaliste Fahem Boukaddous est correspondant de la chaîne satellitaire Al Hiwar Ettounsi et du site électronique Al Badil.


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