Algérie

Les concessionnaires montent au créneau


Le scteur de l'automobile dans la tourmente
Les opérateurs exerçant une activité de montage automobile ont été destinataires d'une lettre du ministère de l'Industrie et des Mines.
Cette missive annonce le plafonnement, de façon unilatérale et rétroactive, de leurs importations de collections SKD destinées à la production et au montage de véhicules de tourisme pour l'année 2019. Cette décision fait suite aux déclarations du ministre du Commerce, Saïd Djellab qui avait, auparavant, annoncé que «La première mesure à prendre c'est d'aller coûte que coûte vers une diminution sensible des importations de kits SKD/CKD dans l'attente d'autres mesures». Il faut dire que cette volte-face inquiète fortement les acteurs de l'industrie automobile naissante en Algérie. Le plafonnement à 2 milliards de dollars des importations de kits CKD-SKD destinés à l'assemblage de véhicules de tourisme pour le compte de l'année en cours inquiète en effet fortement les entités engagées dans des partenariats avec des constructeurs mondiaux, à l'instar de Sovac Production, associé dans cette aventure industrielle au numéro mondial Volkswagen. D'aucuns s'interrogent en effet sur le bien-fondé d'une telle décision qui risque de sérieusement compromettre l'élan d'une industrie porteuse, quoi que l'on dise, de promesses certaines pour le sort de l'économie nationale. L'on s'interroge en effet: «Comment une mesurette prise sur le tard peut-elle anéantir une loi, puis un décret encadrant une industrie aussi engageante que celle de l'automobile'» Mieux, l'on se demande si cette lettre, signée par l'ancien secrétaire général du ministère de l'Industrie, Belkacem Ziani (remplacé quelques jours plus tard) a une quelconque valeur légale, surtout qu'elle ne repose sur aucun ancrage juridique existant. L'on rappelle à ce titre que l'activité de production automobile est réglementée depuis le 28 novembre 2017 par un cahier des charges annexé au décret exécutif n°17-344. Et l'on précise que tous les projets en activité ont obtenu l'accord préalable du Conseil national de l'investissement, dont le quitus garantit un plan de production correspondant à des volumes clairement définis dans leurs business plans.
«Comment un simple courrier émanant du département de l'Industrie saurait-il remettre en cause ces acquis'», s'interroge-t-on de plus belle. L'on appelle enfin à davantage de transparence dans la gouvernance d'un secteur aussi sensible que celui de l'industrie automobile, où, les investissements conséquents se conjuguent avec la création de milliers de postes d'emploi, avec à la clé d'autres joint-ventures engageant les parties algériennes à fournir des pièces de rechange dans le cadre de la sous-traitance, une filière sous-jacente et accompagnant nécessairement tout projet industriel sérieux. D'où cette lancinante question qui émerge au sein du consortium des élus à l'assemblage automobile: «A l'heure où des responsables politiques passent devant la justice pour justifier des avantages octroyés aux différents opérateurs lors des vingt dernières années, le gouvernement Bedoui peut-il se permettre de distribuer des quotas sans base légale et dans l'opacité la plus totale'» Une question bien légitime qui en appelle donc une autre, font savoir les observateurs: «Pourquoi le gouvernement Bedoui s'attaque à la production automobile, au moment où celle-ci négocie le tournant de la sous-traitance et de l'exportation'»
En effet, le cahier des charges de 2017 donne la part belle à l'exportation de composants automobiles produits localement dans la formule de calcul du taux d'intégration locale. Il est attendu que dès 2020, tous les opérateurs devront obligatoirement entamer l'export de la pièce vers les constructeurs, en vue d'atteindre le taux d'intégration requis. Plus un opérateur importera de kits SKD, plus il pourra exporter de pièces et composants. Plafonner l'importation de kits SKD revient donc à limiter l'exportation. Elémentaire!
In fine, l'on dénonce unanimement la décision du gouvernement Bedoui qui risque d'asphyxier, voire d'anéantir toute une filière industrielle qui a besoin de volumes pour se développer.
La dite décision plombe dangereusement le climat des affaires en Algérie. «Quel est l'investisseur étranger qui daignera accepter de produire sa pièce en Algérie dans un tel climat d'instabilité juridique'», poursuit- on. Curieusement, cette décision du gouvernement Bedoui intervient alors qu'un think tank britannique épingle l'Algérie sur son climat des affaires.
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