Algérie

Les comptes bancaires surveillés



Devant la multiplication des opérations de kidnappings enregistrées ces derniers mois, les autorités ont décidé d’agir pour enrayer ce phénomène ou du moins l’atténuer de son ampleur.Ainsi des mesures préventives auraient été prises par les autorités pour empêcher les familles de personnes enlevées à verser aux groupes terroristes les rançons exigées. L’une de ces décisions consiste à surveiller étroitement les mouvements des comptes bancaires de la victime du rapt et ceux de ses proches durant toute la période de l’enlèvement. Les autorités peuvent aller jusqu’à bloquer provisoirement les comptes des concernés si des échos parviennent aux services de sécurité faisant état de l’intention de donner de l’argent aux terroristes. La décision est dissuasive et décourageante pour les groupes terroristes et autres ravisseurs qui doivent désormais compter revoir leurs copies avant d’organiser des telles opérations. Cette mesure intervient au moment où les rapts ont atteint ces derniers temps une vitesse vertigineuse surtout à Boumerdès et à Tizi Ouzou. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un commerçant ou un de ses parents soit enlevé pour être libéré quelques jours après contre de fortes rançons dans ces régions. À Boumerdès, les opérations d’enlèvement ont atteint un niveau record avec une moyenne de trois enlèvements par mois. Les terroristes ont poussé le bouchon jusqu’à organiser des kidnappings en masse. C’est le cas, il y a trois semaines à Naciria, où un groupe terroriste a fait incursion en plein centre-ville et a enlevé deux commerçants à la fois. À Tizi Ouzou, le phénomène est presque banalisé. Dans cette wilaya, la moyenne est de trois à quatre opérations par mois. L’on sait que les auteurs des rapts, notamment les terroristes, ont toujours trouvé des facilités pour recouvrer l’argent demandé. La moyenne de la période de séquestration des personnes enlevées ne dépasse guère une semaine. Mais parfois elle dure plus de deux mois comme c’est le cas d’un commerçant de Hlaimia dans la commune de Boudouaou, resté entre les mains de ses ravisseurs pendant près de 65 jours. Les dénouements de ces affaires se terminent presque toutes par le versement d’importantes sommes d’argent. Ce qui a encouragé les groupes terroristes à adopter, en priorité, ce mode opératoire pour financer leurs opérations et leurs attentats terroristes.
Les sommes demandées varient entre huit milliards de centimes et parfois le double de cette somme. L’exemple d’un entrepreneur enlevé en avril 2007 à Tizi Ouzou échangé contre une rançon de 25 milliards de centimes après un mois de captivité. L’affaire a été traitée par la cour de Tizi Ouzou l’année dernière, et deux des dix auteurs de cet enlèvement identifiés par la victime ont été condamnés à la peine capitale.
D’autres affaires d’enlèvement ont été également traitées par la justice et les auteurs des kidnappings comme d’ailleurs les personnes qui leur donnent l’argent sans en aviser les services de sécurité sont sévèrement sanctionnés. Les sommes récoltées permettent aux groupes terroristes de financer des attentats, notamment les opérations kamikazes qui exigent plus de moyens. Avec cet argent, les terroristes achètent aussi des armes et assurent les salaires de certains de leurs éléments armés, notamment les terroristes mariés. Les éléments de soutien sont également rémunérés par les filons du kidnapping. Mais les opérations de kidnapping ravagent aussi le développement des localités et pénalisent les citoyens.
De nombreux projets socioéconomiques sont à l’arrêt dans de nombreuses communes de la wilaya de Boumerdès et de Tizi Ouzou faute de soumissionnaires. À Boumerdès, des dizaines d’opérations inscrites depuis des années n’ont pas été concrétisées faute d’entreprises. À Zemmouri, la mairie a été contrainte de lancer une troisième consultation pour tenter de trouver une entreprise qui réalise le siège de l’APC. Les entreprises communales et publiques, qui ont l’habitude de faire ce genre de travaux, ont été dissoutes, et les privés préfèrent des régions plus clémentes.M. T.


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