Algérie

Les "complices" d'une solution



La grande majorité des Algériens donne au mouvement populaire une perspective sérieuseLe pays a véritablement besoin de ses élites pour dépasser la crise. Les étudiants, par leur persévérance montrent la voie.
A la veille du 14e vendredi de mobilisation populaire, les protagonistes de la crise institutionnelle que vit le pays semblent camper, chacun sur sa position. L'ANP à laquelle on demande un rôle plus engagé au plan politique, refuse de sortir de la Constitution. Les partis de l'opposition, dont une bonne partie, avait fondé beaucoup d'espoir dans l'initiative de Ahmed Taleb Ibrahimi, Ali Yahia Abdennour et Rachid Benyellès, sont renvoyés à leurs «illusions» de transition politique «facilitée» par l'armée. Les 2 B restants qui se font conspuer à chaque marche des Algériens et encore, hier, par les étudiants, ne font rien de plus que de la figuration, donnant une piètre image du pouvoir exécutif, jadis «triomphant». Cet «instantané» de la scène nationale résiste aux coups hebdomadaires de la mobilisation citoyenne et aux sorties répétitives et visiblement très déterminées des étudiants.
Ces derniers, en imprimant au mouvement populaire leur touche militante, voire élitiste, en accord avec les desiderata de la grande majorité des Algériens, donnent au mouvement populaire une perspective sérieuse, et peut-être même, au bout, une forme de structuration, non pas idéologique, mais en tant que force qui viendrait en appoint à une hypothétique démarche partisane, susceptible de regrouper un maximum de formations politiques. L'hypothèse d'une conférence, plusieurs fois évoquée, dont la principale raison d'être serait de s'adosser à une initiative qui associe l'institution militaire, s'éloignant, l'on parle d'une relance de l'idée, mais à un niveau «strictement civil». Abdallah Djaballah qui en a fait l'annonce récemment, espère bénéficier de l'effet de «l'appel des trois personnalités» pour réaliser le «miracle politique» de l'Algérie post-indépendance.
La proposition séduit beaucoup de leaders partisans et certains souhaiteraient même un autre appel des «trois», mais destiné exclusivement à la scène politique et à la société civile, pour un large rassemblement, aux fins de donner du sens aux 13 vendredis de mobilisation populaire. En un mot comme en mille, il naît dans les milieux politiques, une conviction, selon laquelle, seule une grande et historique union de l'ensemble des forces politiques et sociaux aux côtés du mouvement populaire, sera assez solide pour amener l'ANP à reconsidérer sa position et convenir de l'impératif d'une courte période de transition, pilotée par toutes les forces vives de la nation.
Ce scénario qui, dit-on, associerait toutes les personnalités encore vivantes et qui n'ont pas trempé dans le système, malgré leur divergence, ferait date et déboucherait sur une nouvelle réalité sociopolitique comparable à l'époque de l'indépendance du pays. Mais il faut bien se rendre à l'évidence que cette approche très optimiste, faut-il le relever, devra connaître un début de concrétisation dans les plus brefs délais. Les initiateurs, dont on ne connaît, jusque-là, pas grand-chose, devront convaincre un nombre impressionnant de personnes parmi l'élite politique et historique.
Le pays a déjà connu, toutes proportions gardées, pareille situation à la veille du déclenchement de la révolution. Les jeunes militants de l'OS et du PPA étaient confrontés à la dislocation du mouvement national. La situation, aujourd'hui, n'est certainement pas la même, mais le pays a véritablement besoin de ses élites pour dépasser la crise. Le chef d'état-major qui déplorait, dans son allocution d'avant-hier, l'inefficacité de l'élite a fait un constat sans concession, mais réaliste. Ce serait peut-être mal placé de le dire, mais si l'armée avait en face d'elle un plan sérieux, consensuel et préalablement débattu en toute autonomie et indépendance, elle n'aurait pas cette attitude rigide pour une issue strictement constitutionnelle à la crise.
Il reste que le refus signifié par l'élite militaire d'entrer dans une logique politicienne, oblige les civils à prendre leurs responsabilités et créer le rapport des forces nécessaire pour faire basculer le pays dans une nouvelle République démocratique et véritablement civile. Les étudiants, par leur persévérance montrent la voie. Il faut s'y tenir et surtout prendre conscience de l'urgence d'un immense rassemblement national pour donner la réplique, la vraie. Celle qu'attend l'armée.


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