Les sit-ins et marches, organisés hier par des étudiants à travers plusieurs universités du pays se sont déroulés avec une multitude de slogans centrés sur l'appel au président en exercice, à renoncer à sa candidature pour la présidentielle du 18 avril prochain et divers autres mots d'ordre revendiquant le changement. Accessoirement, mais très rarement, des revendications exigeant l'amélioration de la situation à l'université ont été également exprimées dans les interviews d'étudiants, diffusés sur les réseaux sociaux et les sites électroniques d'information.A Alger, des rassemblements ont été organisés au niveau de l'Université des sciences technologiques Houari Boumediene (USTHB) de Bab Ezzouar, à la Faculté centrale, à la Faculté des sciences de l'information et de la communication de Ben Aknoun, et à la faculté de médecine, ainsi que dans les Universités de Dely Brahim et de Bouzareah. Dans le pays, parmi les dizaines d'universités et centres universitaires qui sont répartis au niveau de toutes les 48 wilayas, quelques unes ont connu des manifestations qui ont débordé en dehors des enceintes universitaires pour se transformer en marches pacifiques encadrées par un important dispositif de maintien de l'ordre, installé pour prévenir d'éventuels dérapages.
Les étudiants qui ont participé à ces rassemblements ainsi que les policiers chargés d'assurer l'ordre public, semblaient satisfaits que tout ce soit déroulé pacifiquement et dans le calme, contrairement à ce que l'on peut observer ailleurs dans d'autres pays. Le pouvoir, lui-même, semble tolérer ce genre de manifestations. A l'occasion de la présentation de la Déclaration de politique générale du gouvernement à l'Assemblée populaire nationale (APN), lundi, à la veille de ces rassemblements, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait tenu à rappeler que «La Constitution garantit au citoyen de manifester pacifiquement dans le cadre de la loi». Il avait également appelé l'ensemble des citoyens à «faire preuve de vigilance, afin d'éviter tout éventuel dérapage lors de ces marches».
Comme dans toutes les manifestations de rues qui sortent de l'ordinaire, il y avait, à Alger-centre, la foule bigarrée des badauds habituels stationnés sur le trottoir et qui ne veulent rien rater des scènes qui se déroulent sur la chaussée ou dans l'enceinte de l'ex-faculté centrale d'où partaient les slogans lancés par les étudiants et surtout les étudiantes plus nombreuses. Justement, dans un groupe de badauds, les commentaires allaient bon train. Ce qui rassure Larbi, employé dans les assurances, qui attend de partir bientôt à la retraite, c'est que tout se passe jusqu'à présent dans le calme, il n'y a pas de casse. Pour lui, il est clair que les protagonistes de cet événement sont tous d'accord pour que les choses se déroulent dans une ambiance pacifique. Il se rappelle que les manifestations n'ont pas été toujours pacifiques et, pour reprendre sa formule, «bon enfant»: «J'ai encore en mémoire les marches interminables et menaçantes de la fin des années 1980 quand la religion a été utilisée à des fins politiques pour la prise du pouvoir, et tout le monde sait qu'est-ce que ça a donné.
Je ne pense pas qu'il y ait une seule personne qui voudrait revivre cette situation dramatique qui a tant coûté à l'Algérie». Un cadre, déjà installé dans la retraite, s'interroge sur le fait que le commencement des manifestations a coïncidé avec la sortie des mosquées. Il ajoute que beaucoup d'indices dans ces manifestations de vendredi dernier, font penser à un mode opératoire (notamment l'encadrement des marches et une certaine «logistique» qui est venue en soutien aux marcheurs) déjà vu dans le paysage algérien il y a trois décennies. Mais Nacer, qui semble plus politisé que les autres membres du groupe, n'est pas de cet avis, il est même enthousiaste et pense que «c'est une grande victoire pour la démocratie parce que la chape de plomb qui a été posée depuis des décennies sur les luttes démocratiques, soit par le pouvoir, soit par certains courants extrémistes, a été levée.
Quel que soit le résultat des manifestations en cours, dorénavant, chaque catégorie sociale pourra sortir dans la rue quand elle sentira que ses intérêts sont lésés». Combien sont-ils à participer aux manifestations ' A cette question, ils se mettent à rire spontanément, «chacun évalue le nombre de manifestants selon son «fantasme». On passe d'un extrême à l'autre pour un même événement», répond Nacer. Mais tous estiment que beaucoup d'interrogations restent en suspens autour de ce qui se passe.
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Posté Le : 27/02/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Lakhdar A
Source : www.lnr-dz.com