Algérie

Les combats à Baghdad ont fait 23 morts


Les combats entre les partisans du leader chiite Moqtada Sadr et les forces de sécurité avaient repris de plus belle, hier, dans la Zone Verte à Baghdad, une escalade qui a fait au moins 23 morts sur fond d'impasse politique en Irak. Les violences qui font craindre un dérapage incontrôlable ont eu lieu dans la Zone Verte, un secteur où siègent les institutions gouvernementales et des ambassades occidentales. Après une fin de nuit relativement calme, les violences avaient repris malgré un couvre-feu d'une durée illimitée décrété dans tout le pays, où les différentes forces politiques ont été appelées à la retenue par la communauté internationale. Depuis le matin, les tirs d'armes automatiques et de roquettes RPG résonnaient dans tout Baghdad en provenance de la Zone Verte. Le leader chiite irakien, Moqtada Sadr, dont des partisans affrontaient des factions pro-Iran et l'armée dans Baghdad, a alors donné, hier matin, «60 minutes» à ses combattants pour se retirer de la Zone Verte, faute de quoi il a menacé de les «désavouer». «Je présente mes excuses au peuple irakien, seul affecté par les événements», a ajouté Moqtada Sadr lors d'une conférence de presse dans son fief de Najaf (centre de l'Irak), au moment où les Brigades de la paix, une faction armée à ses ordres, affrontaient le Hachd al-Chaabi, d'anciens paramilitaires intégrés aux forces de sécurité, et l'armée irakienne dans la Zone Verte. Selon un dernier bilan fourni par une source médicale, au moins 23 partisans de Moqtada Sadr ont été tués par balles depuis lundi et 380 personnes blessées dans la Zone Verte. Des funérailles ont été organisées, hier, dans la ville sainte chiite de Najaf au sud de Baghdad.Les violences ont éclaté après l'annonce surprise lundi par Moqtada Sadr de son «retrait» de la vie politique, dont il est pourtant un acteur incontournable. Des milliers de ses partisans ont aussitôt envahi le palais de la République, où siège le Conseil des ministres dans la Zone Verte, malgré l'intervention des forces de l'ordre qui ont utilisé des gaz lacrymogènes. Des témoins ont fait ensuite état d'échanges de tirs aux entrées de la Zone Verte entre sadristes et partisans du Cadre de coordination, alliance rivale de Moqtada Sadr qui regroupe des groupes pro-Iran dont celui du Hachd al-Chaabi. Ailleurs en Irak, des sadristes ont envahi le siège du gouvernorat à Nassiriya (sud) et occupé le siège du gouvernorat de Babylone (centre) à Hilla. Le Cadre de coordination a condamné l'«attaque contre les institutions de l'Etat» tout en appelant au «dialogue». Les Etats-Unis, militairement ancrés en Irak, ont appelé au calme, l'ONU et la France à la retenue. L'Irak, pays riche en pétrole mais accablé par une grave crise économique et sociale, est plongé dans l'impasse politique depuis les élections législatives d'octobre 2021 remportées par Moqtada Sadr. Les barons de la politique ne parviennent toujours pas à s'accorder sur le nom d'un nouveau Premier ministre. Et l'Irak n'a donc ni nouveau gouvernement ni nouveau président depuis le scrutin. Pour sortir de la crise, Moqtada Sadr et le Cadre de coordination s'accordent sur un point: il faut de nouvelles élections. Mais si Moqtada Sadr insiste pour dissoudre le Parlement avant tout, ses rivaux veulent d'abord la formation d'un gouvernement.
Moqtada Sadr entretient des relations en dents de scie avec l'Iran chiite qui exerce une forte influence chez son voisin irakien. C'est là-bas qu'il vit la plupart du temps, mais balance souvent d'une ligne pro-iranienne à la défense d'une position clairement nationaliste. Ces dernières semaines, le leader chiite irakien n'a cessé de faire monter les enchères car il sait qu'il peut compter sur l'appui d'une très large frange de la communauté chiite, majoritaire en Irak. Depuis un mois, ses partisans campent aux abords du Parlement dans la Zone verte et ont même bloqué brièvement l'accès à la plus haute instance judiciaire du pays à Baghdad. Lundi, dans un nouveau rebondissement, il a annoncé son «retrait définitif» de la politique et la fermeture d'institutions liées à sa famille. Arrivé premier aux législatives avec 73 sièges (sur 329) mais incapable de former une majorité, il avait fait démissionner ses députés en juin, affirmant vouloir «réformer» le système et en finir avec la «corruption».
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