S'avanceraient-elles vraiment comme en terrain miné où le moindre écart serait fatal ' Marcheraient-elles avec précaution et attention ' Comment faire autrement, n'ayant plus affaire aux jeunes d'une autre époque. Depuis toujours, ceux-là n'étaient pas insensibles à la grâce d'une séduisante silhouette qui vient à passer ou au sourire et au déhanché d'une belle créature qui fait se tourner les têtes à son passage. « Trig El lycée » qui a inauguré la carrière de Khaled témoigne d'un temps où l'on savait dénicher et apprécier les beautés. On ne compte plus les chansons que les lycéens ont inspirées en arabe ou en tamazight. La rue a été un espace où de belles idylles se sont nouées suite à un regard, un sourire échangé. Les films algériens pullulent aussi de ces scènes ou un automobiliste sort la tête du véhicule et lance un compliment, une ?illade comme on offrirait une fleur. Un humoriste comme Fellag a nourri son répertoire des histoires de ces jeunes sevrés de tendresse qui courent la rue à la recherche d'une oreille attentive, d'un c?ur à conquérir.Humour et impertinenceAvons-nous désormais affaire à d'autres spécimens ' La violence dont on parle tant ne se cantonne plus aux stades. Elle a même pollué le langage. Dans la bouche de beaucoup d'adolescents et d'hommes d'un âge avancé, les expressions ne sont plus colorées, cantonnées dans les limites de la correction. Elles ont cessé d'être ce savant dosage d'humour et d'impertinence. Beaucoup de jeunes ne considèrent plus la fille comme un être qu'il faut savoir approcher en se livrant à des jeux de séduction qui, dans tous les cas, excluent les comportements de rustres. Ils voient d'abord en elle la femme dont les copains, quelques imams et même des journaux rappellent qu'elle est la cause de beaucoup de maux. C'est celle qui occupe la place où il doit travailler. Sa beauté insolente, ses accoutrements indisposeraient même Dieu qui punirait tant de dévergondage affiché par des tremblements de terre. La frustration fait naître un désir fou de revanche et de ressentiment. Elle se traduit par une violence verbale inouïe qui convoque tout le registre des obscénités. Et la belle âme, à défaut de changer les choses, doit au moins avertir et prodiguer la bonne parole, même revêtu d'un zeste de menace. Il se donne des droits dans la rue, factice victoire sur son quotidien amer. La race des Don Juan n'a peut-être pas disparu, et les bonnes manières, la courtoisie sont toujours là, préservées par des femmes et des hommes qui voient leurs repères s'effilocher. Les codes de la séduction ont changé sous l'effet de la parabole, de la proximité entre les deux sexes. La société rurale ou citadine, où les valeurs de « horma » agonisent. Par son intrusion en force dans la sphère publique, la femme a fait bouger des lignes installées depuis des siècles. Pour beaucoup d'hommes, elle a déjà accaparé trop de droits. Elle aurait comme dépassé une ligne rouge qu'il faut, à tout le moins, lui rappeler. Forte de ses droits inscrits dans les lois qui consacrent une réalité sociale en mutation et de ses capacités, la femme estime qu'elle n'a plus de leçons à recevoir. Un malentendu s'est installé au c?ur de la société qui vit en crise. Un de ces moments délicats où l'ancien disparaît sans que le nouveau ne naisse, pour paraphraser Antonio Gramsci.
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Posté Le : 09/09/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hammoudi R
Source : www.horizons-dz.com