Les clubs ne sont pas l'équipe nationale Les investisseurs évitent le football

Lors de son intervention, il y a quelques jours, à la radio nationale, le président de la Fédération algérienne de football a demandé aux dirigeants des clubs professionnels d'ouvrir le capital des SSPA afin de permettre à des investisseurs d'acheter des actions dans ces sociétés commerciales.
«Il faut faire preuve d'imagination et aller vers des sources de financement, a-t-il déclaré. Il faut encourager les gens à venir investir dans vos clubs.» Mohamed Raouraoua va, à notre avis, un peu trop vite en besogne. Un investisseur ne met son argent que là où il est sûr que ce sera rentable. Le président de la FAF ne va certainement pas au stade en Algérie et il ne doit pas voir les matches du championnat algérien à la télévision. S'il le faisait, il se rendrait compte que le spectacle produit par les joueurs algériens sur les terrains est loin d'être attirant. S'il l'était cela nous donnerait des stades remplis à ras bord, des gens heureux d'en avoir eu pour leur argent et qui ne demandent qu'à revenir.
Ce n'est pas du tout le cas et les derbies de la capitale du genre CRB-MCA ou USMA-MCA, qui obligeaient les spectateurs à se déplacer très tôt au stade 5-juillet pour avoir des places, ne font plus recette, justement à cause de la pauvreté du spectacle proposé. La semaine dernière, le match JSK-USMA, qui amenait le stade de Tizi Ouzou à afficher complet, n'est même pas parvenu à attirer 5000 spectateurs.
Comment veut-on que des investisseurs soient tentés par un tel produit puisqu'ils savent que s'ils s'impliquent ce serait à perte ' En outre il y a absence manifeste de marketing dans chacun de nos clubs. Mais peuvent-ils faire autrement sachant qu'ils ne sont pas «vendables» sur le marché ' Mohamed Raouraoua veut peut-être amener les clubs à faire ce que lui a réalisé avec l'équipe nationale.
Nul ne contestera le fait qu'il a réussi une extraordinaire opération de marketing autour de cette sélection qui fait qu'aujourd'hui les sponsors se bousculent pour être partenaires des Verts.
Mais là on parle de l'équipe nationale qui, lorsqu'elle joue, est suivie par au moins 20 millions d'Algériens à travers le petit écran. Ce qui représente un formidable marché pour ces investisseurs qui savent vraiment où ils mettent leurs sous. Etre partenaire de l'équipe d'Algérie de football est aujourd'hui une opération extrêmement rentable. On ne peut vraiment pas en dire autant des clubs.