Algérie

Les clubs menacés par leur fragilité financière



Les clubs menacés par leur fragilité financière
Alors que l'automne commence à peine à se faire sentir avec ses averses diversement appréciées par les Algériens de tout bord, les pensionnaires de l'élite professionnelle rêvent seulement de pouvoir passer l'hiver au chaud, eux qui traînent déjà une santé financière bien fragile !
Une quinzaine de mois seulement après le lancement en grande pompe du professionnalisme tel que voulu par la FAF et son tout-puissant président Mohamed Raouraoua, les premières séquelles incitent sérieusement et presque machinalement à poser la fameuse et inévitable question : Ne s'est-on pas trop précipité en mettant la charrue avant les b'ufs '
N'a-t-on pas trop exigé des clubs en les sommant de se reconvertir immédiatement en sociétés sportives par actions à la faveur d'un cahier des charges pas vraiment pris en considération et aucunement suivi comme cela devait l'être '
À voir la banqueroute qui menace la grande majorité des clubs de Ligue 1, l'on serait forcément tenté de répondre par l'affirmative tant les indicateurs financiers des clubs, seuls garants de la réussite ou non du projet professionnel, sont au rouge. Le Mouloudia d'Alger dont les dettes s'accumulent et menacent même l'aboutissement du rachat par les Italiens d'Edil Pellicano, le Chabab de Belouizdad qu'on dit en négociations avec le groupe Dahli au moment même où ses sociétaires brandissent, préavis en main, la menace de grève, l'Entente de Sétif et son incapacité à subvenir aux besoins boulimiques de son train de vie royal, la JS Kabylie où le président Moh Chérif Hannachi refuse de 'vendre' à des acquéreurs qui ne se sont jamais manifestés ou encore le Mouloudia d'Oran où les dirigeants-actionnaires n'ont même plus les ressources nécessaires à même d'assurer à leurs joueurs une prime de match décente confirment, de la plus édifiante des manières, les grosses difficultés financières dans lesquelles se débattent les plus grands clubs de notre championnat.
Pour faire face aux dépenses quotidiennes de leurs équipes premières respectives, les présidents de ces clubs de l'élite se débrouillent comme ils peuvent avec, comme fréquente issue de secours, des emprunts.
L'argent des sponsors, les subventions étatiques et même les soutiens financiers du ministère de la Jeunesse et des Sports avec cette première tranche de 1.25 milliard de centimes n'ont pu éviter aux clubs de l'élite de se retrouver au bord du gouffre, en plein crise.
Mais au lieu de songer à la meilleure façon de faire face à cette inquiétante fragilité monétaire qui confirme bien les anomalies d'un système professionnel tellement inadapté, nos clubs font incompréhensiblement le dos rond, s'endettent jusqu'au cou et mettent les deux pieds dans la gadoue. Cela sans qu'aucune structure étatique ne s'en inquiète.
Pourtant, tout récemment, la Ligue de football professionnel a bien donné naissance à une commission de réflexion, l'installant dans ses nouvelles fonctions par le président du MOC Kamel Madani et désignant même Mouldi Aïssaoui, l'actuel directeur général de l'USMA, comme son tout premier président.
Avec à sa tête un ancien MJS bien rompu à ce genre de mission, la commission de réflexion gagnerait d'ailleurs grandement en crédibilité en se penchant sur ces problèmes d'ordre financier qui ne semblent pas prêts de trouver une solution durable.
L'Usmiste Aïssaoui, le Mouloudéen Abdelwahab, l'Asémiste El-Morro et le Mociste Madani, qui composent cette commission de réflexion qui aura à charge les problèmes qui hantent les nuits de leurs semblables des clubs professionnels, ligues 1 et 2 réunies, ont déjà un bon "sujet" à méditer, eux qui connaissent parfaitement de quoi est fait le quotidien d'une SSPA au bord du gouffre financier. Aidés en cela par les précieux indices que leur fourniront leurs autres semblables présidents, devenus, par la force des choses et l'urgence du moment, des explorateurs spécialistes des pistes étrangères et des éventuels mécènes investisseurs qui les débarrasseraient du lourd fardeau que constitue un club professionnel dans ses dépenses seulement.
De la qualité des investigations et de la crédibilité de l'enquête dépendra la réussite du remède.
En épluchant les comptes des clubs, passant au peigne fin leur comptabilité réputée opaque et impénétrable, décortiquant leurs dépenses et analysant les mouvements des conséquentes sommes d'argent qui circulent dans ce circuit fermé, la dite commission 'comprendra' aisément le 'pourquoi du comment' de la situation économique actuelle du football national.
Ce sera déjà une sacrée bataille de gagné et une amorce réelle d'une réforme qui ne pourrait qu'être salvatrice.
R. B.


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