Les clivages idéologiques ont la vie dure

Dans la circonscription scolaire de la wilaya de Boumerdès, sur 247 033 élèves des trois paliers, seuls 16 802 des 3 cycles (primaire, moyen et secondaire) suivent des cours de tamazight. Cela ne fait que 6,80% au bout de 25 ans d'expérience.Question : il y a 25 ans (en 1994 après la grève du cartable) l'enseignement de tamazight a été instauré, à titre expérimental, dans la wilaya de Boumerdès comme cela a été fait dans quelques wilayas, et 3 ans après sa consécration constitutionnelle, qu'en est-il de sa vulgarisation au niveau scolaire ' La question s'imposait d'autant plus qu'une grande partie de la population et l'autorité politique du pays s'apprêtent à festoyer à l'occasion de Yennayer 2970 et que cette langue, nous disent les spécialistes, est l'élément central de la culture de notre pays.
Première constatation qu'on pourrait tirer de la lecture des statistiques, officielles, au sujet de l'enseignement de tamazight, dans les trois paliers de l'éducation nationale à Boumerdès : les clivages idéologiques sont marquants alors que la lutte menée sournoisement par des forces pas nécessairement occultes contre cette langue est une réalité.
Pour contrer cette opposition, l'Etat reste mou et ne fait pas de la pédagogie en direction de ses administrés.
On constate, en outre, que l'enseignement de cette langue est dispensé exclusivement dans des établissements ( 77) des agglomérations montagneuses ou du piémont à l'est (berbérophone) de la wilaya de Boumerdès. Dans le reste des établissements (454), il n'y a aucun apprenant notamment dans le centre et l'ouest de la wilaya.
Par ailleurs, des anciens militants de l'ex-FIS et les forces de régression s'acharnent pour contrarier son épanouissement. Récemment, des citoyens et des lycéens d'Aït Amrane sont intervenus énergiquement pour mettre fin aux manigances des militants islamistes qui n'ont pas hésité à falsifier une pétition et à faire pression sur les responsables de l'éducation, dans le but de supprimer les cours de cette langue.
S'agissant des statistiques, au niveau de toute la wilaya, comme on l'a vu plus haut, elles ne sont guère florissantes.
Au niveau du primaire, sur
141 063 élèves, 4 612 (3,27%) suivent des cours. Ils sont 3.763 (13,91%) collégiens et collégiennes inscrits dans des classes où sont dispensés les cours de tamazight, sur un effectif global de 78 922 élèves des CEM.
Au niveau du secondaire, les statistiques sont pires. Seul 1,39% des lycéens (3 763) sur un effectif total de 27 048 étudie tamazight.
La Direction de l'éducation compte parmi ses effectifs 126 enseignants de tamazight.
Faute de moyens et de l'appui fort de l'Etat pour élargir les effectifs des apprenants, le directeur de l'éducation (DE) de la wilaya de Boumerdès, Nadir Khensous, déploie ses efforts pour la continuité dans les trois paliers afin d'avoir, plus tard, des diplômés qui passeront par les 3 cycles scolaires.
Abachi L.