Les civilisations et leurs paradoxes

Très usités, presque usés, soumis régulièrement tous les jours à l'obligation d'une nouvelle fraîcheur, les termes virus, corona, incendie, gaz, pandémie, épidémie encombrent la panoplie langagière et semblent encore demander la mise en valeur de mots lourds pour être accompagnés dans un dictionnaire déjà chargé. La drôle d'appellation «variole du singe» frappe aux portes du monde pour une place sur un déroutant podium pour clamer une surprenante prépondérance dans les malheurs et des grandes vicissitudes qui n'épargnent personne aujourd'hui.Mais le chapelet terriblement conséquent des termes n'est pas imposé aux terriens que nous sommes par la fatalité ni même par la divinité. Son ciselage est la nouvelle ?uvre des hommes décidés de s'embarquer vers l'inconnu. Il est le miroir du bourgeonnement d'une décadence qui s'annonce et le reflet fidèle de ce pourquoi des grands empires ont pris lien avec les naufrages.
Dans le passé, les Grecs, la puissante Rome, les Arabes d'Andalousie et d'autres ont été happés par les inouïs et fatidiques paradoxes des civilisations. Aujourd'hui, on s'est inscrit sur la même lignée. D'un côté on prétend faire de la lutte contre le réchauffement climatique un cheval de bataille pour préserver la vie des générations présentes et celles à venir, mais d'un autre on excelle de mille façons dans la creusée des tombes. On ne peut lutter contre les méfaits de la nature en lui procurant en même temps des armes pour qu'elle désintègre davantage les fondements essentiels qui justifient l'existence.
Pour ne s'attarder que sur cette nouvelle pandémie dont est accusé le singe qui a déjà envahi près de 80 pays, des scientifiques sérieux affirment que sa source et sa propension actuelle sont essentiellement dues au libertinage des hommes et de leurs unions physiques contre nature. Si les libertés individuelles doivent être garanties, leur sacralisation ne saurait en aucune façon donner le dos à la première et unique raison pour laquelle l'être humain doit sa naissance.