Algérie

Les citoyens ferment les mairies



Les citoyens ferment les mairies
Ces actions de colère qui restent toutefois circonscrites dans des proportions acceptables débordent parfois jusqu'à des stades plus dangereux.Plusieurs sièges de mairies sont actuellement sujets à des actions de contestation des populations à travers la wilaya de Tizi Ouzou. A Timizart, commune située dans la daïra de Ouaguenoun, à Boudjima, circonscription sise dans la daïra de Makouda, les citoyens ont tenu à exprimer leur colère face à des manques dont ils souffrent depuis longtemps et à Yattafen où les populations réclament depuis 2014 le lancement des travaux de raccordement au réseau de gaz de ville.Ainsi, la commune de Timizart, à 30 km au nord du chef-lieu de wilaya, les citoyens ont fermé le siège de la mairie pour signifier aux élus locaux le manque d'écoute dont ils font preuve. Les problèmes soulevés, comme les pistes et l'eau sont identiques à ceux de beaucoup d'autres villages. A Boudjima, ce sont les jeunes qui ont manifesté leur colère par le même procédé. Devant le siège de la mairie, une banderole était accrochée sur laquelle était mentionnée la nécessité d'un stade pour accaparer la jeunesse. Sans activités sportives, la jeunesse est vouée à la délinquance, semblaient dire les protestataires.En fait, à Boudjima ou à Timizart, le problème reste le même. Sachant que les difficultés vécues dans ces deux communes sont identiques, peut-être de moindre acuité que pour les autres, mais la colère éclate pour une autre cause. Les citoyens ne recourent généralement pas à la fermeture des sièges des mairies et autres administrations, si les voies du dialogue ne sont pas fermées. Et les exemples sont nombreux et récents.En effet, au mois de septembre dernier, la mairie d'Aghribs est restée fermée durant plusieurs jours par les villageois d'Aït Ouchène. Les protestataires réclamaient le gaz, les routes et l'eau potable. Le siège de l'APC, affirmaient les villageois, a été fermée après plusieurs années d'attente. Restés sans écoute, les villageois ont donc laissé éclater leur colère en fermant le siège de la mairie. Durant l'été, le siège de la mairie d'Aït Yahia, commune située dans la daïra de Aïn El Hammam a été fermé par les villageois de Takana, Tifighout, Lazib Tannarine, Aït Zmih et d'autres localités à cause de l'attitude qu'ils ont jugée malséante du maire. Le responsable est accusé par les protestataires de détourner des projets pour son villages au détriment des leurs.Toujours au même chapitre des fermetures des mairies, c'est la mairie de Bouzeguène qui a été fermée justement au mois de septembre dernier, par les habitants du chef-lieu. Leur action tirait son origine des problèmes vécus au sujet du manque d'eau potable. Le siège de l'ADE locale n'a pas été épargné à l'évidence par la colère. A Yattafen, les citoyens qui ont fermé la mairie de Beni Yenni réclament le lancement des travaux de raccordement au réseau de gaz de ville. Ces derniers sont en colère car, disent-ils, l'entreprise est sur les lieux depuis 2014 mais les travaux ne sont pas encore lancés.Enfin, ces actions de colère qui restent toutefois circonscrites dans des proportions acceptables débordent parfois jusqu'à des stades plus dangereux. Au mois de mars écoulé, le maire et les élus de la commune de Tizi N'Tleta dans la daïra des Ouadhias ont été pris en otage dans leurs bureaux par des jeunes en colère. Ils manifestaient leur colère à une répartition, considérée comme injuste, des postes d'emploi au sein de la mairie.Ainsi donc, il s'avère encore que les actions de colère restent nombreuses malgré l'approche des élections locales. Un signe qui ne trompe pas: les élus n'ont pas tous tenu leurs promesses données en 2012. Durant les mois qui viennent, les actions de ce genre seront plus nombreuses car des parties tenteront sans nul doute de se placer en vue des prochaines échéances. Enfin, au vu de ce climat, il devient évident que beaucoup d'élus à la tête des communes trouveront beaucoup de difficultés à défendre leurs bilans respectifs. Depuis les dernières élections locales, rares en effet sont les communes qui ont été épargnées par les actions de colère du même genre. Pour les observateurs, c'est là un indice de l'échec de beaucoup d'élus à répondre aux attentes des milliers de citoyens qui leur ont fait confiance.


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