Algérie

Les circuits commerciaux font défaut



Il coule à profusion dans les canaux des machines. Mais point de trace dès le seuil de la porte franchi. L'huile d'olive sort par millions de litres des huileries modernes et traditionnelles, mais sa présence dans les circuits commerciaux légaux fait, bizarrement, défaut. Le prix appliqué et fixé par les propriétaires de ces machines reste statique, défiant les règles du commerce international. Le litre coûte entre 600 et 800 dinars quelle que soit le niveau de l'offre ou celui de la demande.Le produit reste complètement déconnecté de cette réalité du terrain. Jusqu'à hier, l'huile d'olive était vendue dans la fourchette des 650 et 850 dinars le litre. Les propriétaires des huileries expliquaient ces tarifs par les coûts à la production. Aucune hausse par rapport à l'année précédente. Pourtant, les prix à la production ont largement et visiblement augmenté. «C'est son prix. En Europe, elle coûte plus chère au litre», explique un propriétaire d'huilerie. L'explication tient la route. Dans les pays de l'Union européenne, les prix varient entre 5 et 5,5 euros, le litre d'huile d'olive extra vierge. Ce qui fait que l'huile d'olive locale coûte moins cher, comparée à ce qui est en cours en Europe.
Ainsi, cette déconnexion de la réalité ne se situe pas au niveau des prix mais plutôt dans la gestion du volet commercialisation. C'est pourquoi nous avons tenté de comprendre au niveau des concernés directs. « Personne ne vient acheter. Nous avons entendu parler des coopératives qui vont être mises en place mais jusqu'à présent, on ne voit rien venir», répond un grand producteur qui s'appuie exclusivement sur l'huilerie pour la vente de son produit. «Pour le moment, j'ai bien entendu parler de ces coopératives, mais il paraît que le volet fiscal empêche la réalisation de ces entités commerciales.» En effet, après vérification chez d'autres personnes ayant tenté de monter des coopératives dans d'autres créneaux, il s'est avéré que la double fiscalisation entrave grandement cette démarche. «C'est une bonne technique pour commercialiser les produits mais il faudra que la loi change, car le producteur se retrouve fiscalisé individuellement et en tant que membre de la coopérative.
Ce qui fait fuir les gens de cette technique pourtant appliquée à travers le monde», explique, Amar un artisan de métier. Enfin, les producteurs d'huile d'olive, comme tous les artisans qui veulent mettre à la vente leurs produits, espèrent que les pouvoirs publics trouveront des solutions à ces entraves. Des difficultés qui mettent en échec toutes les initiatives prises au niveau local. Des initiatives destinées à mettre sur pied des réseaux commerciaux basés sur des règles universelles.
Dans la foulée, nous avons rencontré un jeune qui a tenté justement de monter une entreprise d'emballage d'huile d'olive, mais dont le projet est tombé à l'eau, à cause des difficultés administratives. Cela remonte à quelques années mais l'intéressé, vivant en France, dit «ne plus avoir le courage d'affronter les difficultés administratives une autre fois à cause de sa première expérience».


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