Il est juste que l'année s'achève avec un concert* du groupe Caméléon car, c'est bien 2011 qui aura marqué l'ascension de cette jeune formation, apparue durant l'été 2009 sur la scène immense d'Internet.
Une initiative du groupe qui avait décidé de jeter, comme une bouteille à la mer, trois de ses compositions sur un fameux réseau d'internautes. Loin d'être emportés par les flots cybernétiques, où l'on compte plus de noyés que de rescapés, ces morceaux ont vite surfé sur les vagues de l'enthousiasme. Des milliers d'internautes ont aussitôt adopté le groupe, le plébiscitant aux quatre coins du pays et, en partie, à l'étranger. Cet engouement a été suivi par les médias qui, à leur tour, ont relayé l'élan.
En mars 2011, Caméléon a publié son premier disque chez Badidou, nouvel éditeur de musique. Le 27 mai, son concert au Théâtre de plein air du Bois des Arcades a révélé son public, venu si nombreux qu'il y avait plus de monde dehors que sur les gradins. Même tableau le 7 juillet, lors de la 33e édition du Festival de Timgad. Puis, dix jours après, au Festival de Djoua, près de Béjaïa. Puis, encore, le 16 août, au Théâtre de Verdure Laâdi Flici d'Alger, avec une marée humaine, et le 28, au Théâtre Abdelkader Alloula d'Oran, plein à craquer jusqu'au poulailler. Enfin, ce fameux concert, le 3 novembre, au Festival international du monde arabe de Montréal, grâce au soutien de l'AARC. La prestation devant un public cosmopolite et dans un cadre comprenant des artistes d'envergure internationale n'a impressionné le groupe que le temps des premières notes.
Si une bonne fée veille sur eux, c'est à leur talent et leur travail qu'ils doivent leur succès. Au départ de l'aventure, deux frères, faux jumeaux mais vrais amis, Hcene et Hocine Agrane. Le premier, leader du groupe, est poète et compositeur. Aujourd'hui étudiant aux Beaux-arts d'Alger, cet autodidacte a commencé très tôt à gratter une guitare. Il avait dix ans quand il a composé sa première mélodie et seize quand il a écrit Lillah, chanson-titre de l'album éponyme. Hocine, lui, élève de l'Institut supérieur de musique, est le percussionniste et batteur du groupe. Pour former ce dynamique quintette, le duo de base a fait osmose avec un trio : Réda Saïb, bassiste ; Anis Aïdja, guitariste, et Hocine Sakhar, au synthétiseur.
Au-delà de leur complicité personnelle et artistique, ces cinq-là ont d'autres points communs. Formés à l'Université, ils ont tous 25 ans : un quart de siècle quand l'Indépendance du pays en a un demi. Tous sont donc nés en 1986, au moment où commençaient les bouleversements du pays. Les émeutes de 1988 et la décennie noire ont «bercé» leur enfance et ils ont grandi avec l'Algérie actuelle. Comme plusieurs groupes de la nouvelle scène musicale, ils portent en eux les espoirs et désespoirs de leur génération, avec une sensibilité peu commune et une grande créativité.
En effet, Caméléon ne se contente pas de reprises (à peine 2 sur les 9 titres de leur premier opus). Ils se positionnent avant tout comme créateurs, développant leurs propres textes et musiques. Il est sans doute trop tôt pour statuer définitivement sur leur style, mais d'ores et déjà il est évident qu'ils se sont engagés sur une voie originale, prenante et respectueuse de leurs admirateurs. Dans la musique moderne algérienne, la signature Caméléon est déjà là, entre rythme et poésie, désir d'être entendu mais surtout écouté.
*Concert cet après-midi à l'Atlas (16h30), organisé par l'ONCI en partenariat avec la Radio Nationale, Chaîne 3, avec, en première partie, le fameux groupe Freeklane.
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Posté Le : 31/12/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Brada
Source : www.elwatan.com