Les choses de la vie
Alger trépigne. On la sent presque emballée et comme transportée sur un lit de roses. Il règne une atmosphère de fébrilité manifeste. Cela se voit et s?observe. Le démon du nettoyage est omniprésent. Il dicte des impératifs et des desseins concoctés dans l?urgence. Les ouvriers badigeonnent, curent et astiquent avec l?ardeur du néophyte. La cité veut gagner ses éperons à l?occasion d?un rendez-vous que l?on souhaite faste et majestueux. C?est un pli, un bijou de famille que l?on se transmet avec dévotion. Une pratique aussi vieille qu?un chemin. On lève les bannières, déploie les drapeaux et les oriflammes. La ville se farde et s?offre une cure de jouvence. C?est devenu pour elle monnaie courante, depuis belle lurette déjà. Branle-bas de combat et mobilisation des « forces vives ». L?objectif est de faire bonne figure. Le temps d?un événement « grandiose » mais éphémère. Le bon peuple s?habitue à voir des allées fleuries, des artères enguirlandées, des avenues décorées avec solennité, en trois coups de cuillère à pot. Pour les officiels, l?habit ne fait pas le moine, mais le jeu en vaut la chandelle. L?on s?amuse ou s?indigne. C?est selon. Mais une chose est quasiment sûre. Les îlots, tronçons et autres sites choisis font le bonheur des habitants qui en redemandent. Pourquoi se priver d?un cadeau du ciel ? On ne crache jamais dans la soupe. Promis et juré. Dans une scène truculente du Moulin de monsieur Fabre, un cinéaste raconte avec ironie la fièvre qui s?emprare de la camarilla locale, à l?occasion de la visite du « zaïm ». L?on se démène et on se sent pousser des ailes pour dérouler le tapis. Eternel rituel qui ne s?use que si l?on ne s?en sert pas.
Posté Le : 14/03/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed B.
Source : www.elwatan.com