Le tourisme saharien va mal. Ce constat est de Bachir Djeribi, président du Syndicat national des agences de voyages. Dans cet entretien, il affirme que la destination Algérie peut se développer et redevenir ce qu'elle était jadis. Sauf qu'il faut, à ses dires, réduire les lenteurs administratives dans l'octroi de visa, appliquer des tarifs de transport aérien plus étudiés et abordables. En attendant, il soutient que 70% des agences de voyages du Sud ont cessé leurs activités faute de clients. Mais Djeribi demeure optimiste quant à l'avenir de ce secteur estimant que l'Etat a, aujourd'hui, une volonté réelle pour le développer.En tant que professionnel du tourisme, comment interprétez-vous la dernière initiative de la direction générale de la Protection civile qui a organisé un marathon dans le Sud 'Je tiens débord à remercier la direction générale de la Protection civile de l'intérêt envers cette région qui a vraiment besoin de visiteurs et de touristes. Cette initiative s'inscrit dans le cadre du développement du tourisme domestique. En tant que corporation, nous avons fait une étude sur le développement du tourisme domestique qui est à la fois une valeur sûre et viable et qui ne dépend pas de ce qui se déroule au-delà de nos frontières.Quel est votre constat concernant le tourisme saharien 'Le constat est amer pour la simple raison que depuis février 2010 et après la décision de la fermeture des circuits du Tassili et du massif du Hoggar, les opérateurs locaux ont subi une chute libre de leurs revenus. Ils sont obligés de vendre leurs voitures pour pouvoir survivre.Quelles sont les conséquences directes de cette situation sur les agences de voyages 'Dans les wilayas de Tamanrasset et d'Illizi, environ 150 agences de voyages ont mis les clés sous le paillasson. Et je peux vous affirmer que plus de 70% des agences de voyages ont fermée. Il faut comprendre une chose, l'agence de voyages est la pierre angulaire autour de laquelle toute l'économie de la région tourne. Malheureusement, toutes ces agences sont aujourd'hui au chômage. Nous avons une volonté d'aider ces professionnels pour qu'ils puissent passer cette situation cauchemardesque.Comment peut-en donner un second souffle au tourisme saharien 'Pour donner une seconde vie au tourisme saharien, il faut multiplier les initiatives, à l'exemple de celle de la direction générale de la Protection civile. Il faut alléger les procédures d'obtention de visa pour les étrangers. Il faut également effacer les dettes fiscales et parafiscales des agences de voyages touchées par la fermeture de certains sites touristiques. Ce n'est pas la dette elle-même qui pénalise les agences, mais les pénalités de 25% qui en résultent annuellement. Les compagnies nationales aériennes doivent faire, également, des réductions sur les billets d'avion.Mais la destination Algérie n'arrive toujours pas à attirer les touristes étrangers...Je participe à plusieurs salons internationaux. Je peux vous confirmer que la demande existe. Elle est réelle. Le véritable problème, c'est l'octroi de visa. Il faut savoir qu'aujourd'hui, la demande de visa doit passer par le directeur du tourisme de la wilaya, puis le wali ensuite le ministère du tourisme, et enfin le ministère des Affaires étrangères. Cette démarche prend du temps. Lorsque notre partenaire ou un touriste va dans une agence aérienne, il trouve le billet d'avion fixé généralement à 200 euros. Et comme celui-ci n'est ni remboursable, ni échangeable, il ne l'achète pas. D'autant qu'il n'est pas sûr d'obtenir le visa. Il y a trois ans, nous avons déclaré que la demande de visa doit passer uniquement par le wali et le ministère des Affaires étrangères. Notre doléance a été satisfaite par le ministre. On souhaite revenir à cette démarche.En attendant, ne serait-il pas judicieux d'encourager le tourisme domestique 'L'Algérien n'est pas habitué au tourisme itinérant. Je reviens à l'initiative de la direction de la Protection civile qu'il faut encourager et multiplier. C'est de cette façon qu'on peut contribuer à la promotion du tourisme national, notamment dans le Sud. Il faut impliquer les communes. Si on veut développer le tourisme domestique et faire profiter les Algériens, il faut qu'il y ait des endroits adéquats et propres. Je défis quiconque de trouver entre Alger et Ghardaïa ce type de lieu pour héberger les familles. On souhaite une rencontre avec tous les ministères concernés de près ou de loin par le développement du tourisme.Que pensez-vous des prestations de services dans le Sud 'Le touriste qui vient dans cette région doit accepter le voyage itinérant. Les choses commencent à bouger. Durant le mois de mars dernier, nous avons enregistré l'arrivée de 2000 jeunes qui étaient émerveillés par la beauté du Sahara. Les voyages dans l'Extrême Sud sont des voyages de méditation et de ressourcement.Comment jugez-vous la politique du gouvernement pour développer le secteur touristique 'Depuis 25 ans, on dit que le pétrole est le malheur du tourisme en Algérie. Nous n'avons pas arrêté de demander à ce que le tourisme et l'agriculture travaillent ensemble. A cette époque, il manquait une volonté réelle. Aujourd'hui, les choses ont changé. Nous venons de rencontrer le ministre du Tourisme qui nous a assuré qu'au plus haut niveau de l'Etat, il y a une volonté réelle de développer ce secteur. Nous avons organisé une rencontre nationale et toutes les recommandations ont été remises au ministre qui nous a promis de les faire aboutir. Je vous assure que si nos recommandations sont prises en sérieux, dans deux ans, l'Algérie sera une destination de choix
Posté Le : 13/12/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A H
Source : www.horizons-dz.com