Algérie

Les chiites déplorent l'absence de soutien à leur soulèvement



«Le cas de Bahreïn est l'exemple type de l'hypocrisie internationale», estime Matar Matar, un ancien élu du Wefaq, le principal mouvement de l'opposition chiite de ce royaume gouverné par la dynastie sunnite des Al Khalifa. Il dénonce la politique de deux poids, deux mesures, notamment de la part des Etats-Unis qui n'ont que mollement soutenu, selon lui, les revendications démocratiques des Bahreïnis alors qu'ils ont plus franchement appuyé d'autres révoltes arabes.
Le mouvement de contestation, lancé à  la mi-février 2011 à  Bahreïn, par des chiites réclamant une véritable monarchie constitutionnelle, a été réprimé un mois plus tard par le pouvoir avec l'appui des autres monarchies du Golfe, Arabie Saoudite en tête, qui ont dépêché des troupes dans royaume.      Une commission d'enquête indépendante a ensuite dénoncé un «usage excessif et injustifié de la force» dans la répression en faisant état de 35 morts durant ce mois. Cependant, les manifestations, de moindre ampleur et principalement dans les zones chiites, ont continué de manière ponctuelle, les militants tentant de relancer la contestation. Plusieurs rassemblements ont été dispersés ces dernières semaines et un adolescent a été tué le 3 janvier par un tir de bombe lacrymogène.        Écrasés dans l'indifférence   Les chiites, majoritaires dans le royaume, affirment que leur mouvement a été écrasé sans grand bruit, car les protestataires ont été perçus, au-delà des frontières, comme les auteurs d'un complot iranien contre la dynastie sunnite. «Le facteur confessionnel» constitue la principale raison du manque de soutien à  ce mouvement, estime Shadi Hamid, du Brookings Center de Doha. «La perception générale étant que le soulèvement était chiite d'où l'absence totale de soutien à  l'opposition.»Â Â Â   
L'Iran chiite ainsi que les chiites d'Irak et du Liban ont appuyé le soulèvement bahreïni alors que le reste du monde arabe, en majorité sunnite, s'est montré plus méfiant. La fracture entre sunnites et chiites s'est approfondie avec la révolte en Syrie, les sunnites soutenant leurs coreligionnaires contre le régime de Bachar Al Assad, un alaouite, branche du chiite. En revanche, le Hezbollah chiite libanais y a vu la main de sunnites et de l'Occident. Dans le camp sunnite, le religieux Youssef Al Qaradaoui n'a vu dans le soulèvement de Bahreïn qu'une «révolution sectaire», parlant d'une «insurrection chiite contre les sunnites».
Quand une délégation du Wefaq s'est rendue au Caire pour solliciter des appuis, elle n'a pas réussi à  rencontrer les Frères musulmans et les responsables d'Al Azhar. Pour Abdellatif Al Mahmoud, un dignitaire sunnite bahreïni soutenant la dynastie, le soulèvement a éveillé la crainte des sunnites d'être marginalisés à  l'image de ceux d'Irak après la chute du régime de Saddam Hussein. «Ces gens ont une haine historique pour les sunnites», dit-il en parlant des chiites. L'opposition chiite réfute tout lien avec l'Iran. Quant aux Occidentaux, notamment les Etats-Unis, ils se sont contentés d'appeler à  des réformes et au respect des droits de l'homme. «Bahreïn a été (pour Washington) l'occasion de tester sa politique de soutien à  la démocratie, mais ce test a échoué», estime Shadi Hamid, en soulignant l'importance stratégique de ce pays qui sert de base à  la Ve flotte américaine. 
 


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