Les spécialistes des questions de l’emploi sont sceptiques quant à la fiabilité des chiffres officiels se rapportant au chômage. Pour eux, le taux de chômage de 11,8% livré par le ministère du Travail est loin de refléter la réalité de ce phénomène.“En Algérie, on se focalise sur le seul taux de chômage en faisant abstraction de l’indicateur du sous-emploi”, s’est élevé Hammouda Nacer Eddine, maître de Recherche au Cread et spécialiste des questions de l’emploi, lors d’une conférence-débat animée dimanche soir au siège de la Fondation Friedrich-Ebert et traitant de la problématique de l’emploi, du chômage et des salaires en Algérie. Pour ce spécialiste, il faut prendre avec des pincettes les chiffres publiés par l’Office national des statistiques (ONS). Pourquoi ? “Cet organisme n’est pas le producteur primaire de l’information qu’il publie. Souvent, il puise ces informations auprès d’autres institutions”, répond-il. “Certes, il y a une baisse du chômage. Mais les chiffres donnés par l’ONS prennent aussi en compte les Algériens qui travaillent dans le secteur informel alors qu’ils ne sont pas déclarés. Les emplois créés ces dernières années sont des emplois précaires”, a-t-il encore ajouté. Pour M. Hammouda, même les résultats obtenus à partir de l’indicateur du taux de chômage sont sujets à caution. “Le taux de chômage est calculé sur un échantillon dont la taille ne dépasse pas les 15 000 ménages. Or, la marge d’erreur est d’autant plus grande que la taille de l’échantillon est plus faible”, explique-t-il. Citant l’exemple du Maroc, le chercheur du Cread a indiqué que le royaume alaouite publie chaque année une enquête sur le chômage portant sur un échantillon de 45 000 ménages.
Bien plus, il se paie le luxe de fournir des indicateurs régionaux. De son point de vue, l’analyste n’est pas suffisamment alimenté d’informations.
Le modérateur de la conférence, M. Abdelmadjid Bouzidi a abondé dans le même sens que M. Hamouda. Pour lui, le taux officiel de chômage est erroné.
“Même les apprentis, les détenteurs de CDD, les bénéficiaires des aides familiales, etc., qui représentent plus de 3 millions, sont inclus dans la population active”, souligne-t-il.
M. Hamouda a aussi posé le problème de la statistique administrative qui, en France, par exemple, alimente l’analyse de l’INSEE qui la colle ensuite sur les informations collectées auprès d’un échantillon de 150 000 ménages.
“Les caisses sont une source inestimable d’informations sur l’emploi. Malheureusement elles ne mettent pas leurs données à la disposition des chercheurs”, déplore-t-il. Se référant à une étude du FMI, M. Hammouda a soutenu que “l’économie algérienne est spécifique”. Et de poursuivre : “Le poids des hydrocarbures rend très difficile l’analyse de l’économie algérienne. Une infime main-d’œuvre, ne représentant que 2 à 3% du total de la population active, produit la moitié de la richesse nationale.” Abordant le problème de la formation, le chercheur du Cread a assuré que la formation ne répond pas aux besoins du marché du travail. Il a assuré que le chômage chez les diplômés est nettement supérieur que chez les non-diplômés. “Le taux de rendement du capital humain en Algérie est des plus faibles au monde”, assène-t-il avant d’ajouter que “l’emploi créé est un emploi non qualifié”. Et M. Bouzidi de trancher : “L’École algérienne produit du chômage.”
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 23/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Arab Chih
Source : www.liberte-algerie.com