Algérie

Les chiffres du privé



Il fut une époque sur ordonnance où la santé publique était une priorité, ce qui explique que la tuberculose a été éradiquée du territoire comme un vulgaire maquis du GIA. La seule maladie disponible à cette époque était politico-économique et s?appelait la pénurie, épidémie nationale qui causait d?atroces migraines à toutes les mères de famille. Cette époque n?a plus cours, et si aujourd?hui la pénurie a été éradiquée, l?Algérie enregistre 20 000 cas de tuberculose chaque année. Respire-t-elle mieux ? Il fut une époque où les disparitions forcées étaient le fait des institutions de l?Etat, mais ne concernaient que les opposants têtus qui refusaient de voir que la révolution socialiste allait tout régler. Cette époque n?a plus cours et aujourd?hui les disparitions sont le fait d?agents de l?Etat « agissant individuellement », selon Farouk Ksentini, qui révèle que 6146 personnes ont ainsi été effacées de la carte algérienne sur décisions personnelles. L?Algérie respire-t-elle mieux ? En privatisant les circuits de distribution commerciale officiels et les champs de possibilités des agents de sécurité de l?Etat, a-t-elle gagné au change ? Aujourd?hui que tous les produits de consommation sont disponibles, que la tuberculose est en vente libre et que les institutions de sécurité se sont assagies et n?oppressent la société que sur des initiatives individuelles, on mesure toutes les conséquences des libéralisations, filialisations et externalisations. Aujourd?hui, l?Algérie brade ses hydrocarbures et achète des pneus, importe des jouets et exporte des cadres, vend ses lits d?hôpitaux et sous-loue les prises en charge, rend malade le pauvre et amuse le riche. On ne mesurera jamais assez tous ces changements opérés en si peu de temps. Le miracle est bien sûr là : tout cela a été fait avec les mêmes hommes, pratiquement aux mêmes postes. Avec la même légèreté.


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