Une nouvelle flambée de violences ayant provoqué des ripostes des forces internationales a fait une vingtaine de tués ces derniers jours à Bangui, témoignant de l'instabilité chronique de la RCA après un an de chaos.«Au moins une quinzaine de corps a été enlevée par les volontaires de la Croix-rouge centrafricaine» depuis samedi aux abords du quartier commerçant du PK-5, a déclaré sous couvert d'anonymat un responsable de la Croix-rouge centrafricaine. Dénonçant un nouveau «pic de violence», l'organisation Médecins sans frontières (MSF) a ensuite annoncé avoir pris en charge 38 blessés, dont trois sont décédés, après des affrontements entre bandes armées. Ces affrontements entre groupes armés ont éclaté ce week-end dans les quartiers de la capitale où subsistent des musulmans, assiégés depuis des semaines par des miliciens majoritairement chrétiens anti-balaka et des pillards. C'est dans ce contexte que l'archevêque, l'imam et le chef de la communauté protestante de Centrafrique ont confié lundi qu'ils avaient plaidé ensemble auprès des Etats-Unis et du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon pour le déploiement rapide d'une force de l'ONU. «Il faut qu'une opération se réalise dans les meilleurs délais, nous voulons arrêter cette descente aux enfers», a déclaré l'archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga, rendant compte de leurs nombreux entretiens du 12 au 22 mars à New York et à Washington. Les trois hommes étaient accueillis à Rome par la communauté catholique San'Egidio proche du Vatican, qui soutient leurs efforts.Ils interviennent ensemble en faveur de la concorde religieuse depuis le début des massacres. «Ban Ki-Moon, a ajouté l'archevêque, est conscient de la situation et souhaite une opération de la paix. (Les actuelles opérations) Sangaris et Misca sont confrontées à des problèmes de logistique énorme. Elles ont montré leurs limites et il est temps de leur venir en aide». L'inquiétude des trois leaders religieux est que cette force ne puisse être déployée avant septembre. Ils évaluent à environ 15 000 à 18 000 hommes les effectifs d'une force de pacification efficace. «L'un de nos buts aux Etats-Unis était d'expliquer la situation humanitaire. Cela fait presque un an que les campagnes agricoles n'ont pas été effectuées. Les semences ont disparu dans les villages brûlés, alors que la saison des pluies approche», a déclaré l'imam Oumar Kobine Layama. Le révérend Nicolas Guerekoyame-Gbangou, président de l'Alliance des évangéliques, a insisté sur un engagement américain: «nous avons sollicité les autorités pour reprendre leurs relations avec la République centrafrique. Les Européens sont là, la France mène la danse, mais il y a aussi la place pour les Etats-Unis». «L'USAID doit venir en République centrafricaine avec toutes les ONG américaines», a-t-il dit. Au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale, ils ont demandé que leurs représentants reviennent à Bangui pour «un meilleur suivi du financement qu'ils vont accorder». Ils ont rencontré les leaders religieux américains à l'initiative des Quakers. Selon eux, David Brown, conseiller spécial du Département d'Etat pour la Centrafrique, devrait venir le 8 avril avec une délégation, dont des responsables religieux. Les trois dignitaires seront reçus aujourd'hui en audience par le pape François. «Nous pensons être la voix des sans voix», a martelé le prélat catholique, témoignant de la «peur d'être tués» des habitants dans les moindres villages, et de leur fuite dans la brousse au simple bruit que fait en arrivant à leur voiture. Ils ont en revanche cité l'exemple d'une bonne cohabitation entre communautés à Bangassou (750 km au sud-est de Bangui), grâce à «une plate-forme commune qui fait le tour de la ville pour apaiser les tensions».
Posté Le : 26/03/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L'Expression
Source : www.lexpressiondz.com