Algérie

LES CHEFS D'ETAT ET DE GOUVERNEMENT DE L'UNION EUROPEENNE SONT EN CONCLAVE À BRUXELLES Le drôle de sommet


De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Il y aura l'Allemagne et la France, dans un coin, les décideurs de la zone euro, en définitive. En face et en chiens de faïence, les autres membres de la monnaie unique mais qui comptent pour du beurre, qui sont au nombre de 15. Et, enfin, les Européens à part entière qui ne pratiquent pas l'euro, emmenés par l'Anglais David Cameron, le porte-parole de la Perfide Albion. Le tout sous l'observation stressante des agences de notation qui ne lâchent rien. Ambiance...
Les Britanniques sonnent le rassemblement des Européens de l'Union non membres de la zone euro. Pas question, avertit David Cameron au nom de la Perfide Albion, que l'Allemagne et la France — dans la tête du chef du gouvernement britannique, il s'agit plus de Berlin que de Paris — dictent leurs conditions aux autres. Si sortie de crise doit y avoir, elle doit être consensuelle, prise en charge et acceptée par tous. Ceux de la zone euro et ceux qui n'en font pas partie. Les Allemands ne voient pas les choses de la même façon. Ils disent tout haut ce qu'ils pensent des jérémiades anglaises. En gros et en termes peu diplomatiques ça donne ceci : «David Cameron peut aller voir ailleurs, peut-être qu'il découvrira l'eau chaude, le fil à couper le beurre et, surtout, le net refus allemand d'accorder un quelconque crédit à ses propos.» Pour l'Allemagne — dans quelque temps elle deviendra, sans doute, le seul contributeur européen (dégradation des notes française, italienne, espagnole, portugaise et la quasi-faillite de la Grèce) — si Londres veut avoir droit à la parole décisionnelle, il n'a qu'à intégrer, avec armes et bagages, l'Euro. La zone euro (17 membres de l'Union européenne qui en compte 27) ne peut pas sortir seule de la tempête. Avec en son sein la Grèce (en cessation de paiement), l'Italie (au bord de l'asphyxie), la France (selon les observateurs de la chose financière, elle devrait, sous peu, perdre son triple A), l'Espagne (en état de délabrement avancé), le Portugal (ne sachant plus à quelle banque frapper) l'Irlande (dans un état similaire qui avait, vu, lors de la crise agraire d'il y a deux siècles le pays se vider et émigrer en masse vers les Etats- Unis). L'Euro ne se porte pas bien. Lors du sommet du dimanche dernier, la chancelière Merkel et le président Sarkozy avaient failli en arriver à l'irréparable en apostrophant l'irrévérencieux Cameron. Les deux ont dit ses quatre vérités à l'Anglais, au Britannique, à ce «moitié Européen» qui donne le dos au continent en n'ayant d'yeux que pour l'Amérique. Cette mise au point germano-française ne règle pas pour autant la grave crise que traverse l'Europe. Les Anglais pour calculateurs qu'ils soient et pour déloyaux qu'ils puissent être envers Bruxelles, n'ont pas tout à fait tort. D'un autre angle, les Allemands n'ont pas tout à fait raison. Pour apporter des solutions, il ne reste, à vrai dire, que les ex du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) et l'Allemagne. Le Benelux, trop petit monétairement pour venir en aide aux fainéants du Sud plus l'Irlande, reste en retrait et attend les indications allemandes. Berlin mettra encore de l'argent frais dans la cagnotte mais imposera des plans d'austérité draconiens. Risque majeur : le malade risque de mourir guéri. Berlin répète que c'est le prix, le seul, à payer. Hier, donc à Bruxelles, s'est ouvert un drôle de sommet. Un conciliabule à trois. L'Allemagne et la France dans le premier cercle de la zone euro, les huit autres de la monnaie unique mais qui comptent pour du beurre et les Européens non zonards, ceux qui sont en Union européenne et ne pratiquent pas l'euro, emmenés par le Royaume-Uni. Le conciliabule, stressant, se déroule sous l'observation cruelle et sans pitié des agences de notation, des marchés, des Bourses.
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