Le séminaire d'évaluation des activités du Projet de création et de développement de consortiums d'exportation en Industries agroalimentaires (IAA), organisé par le ministère de l'Industrie, en collaboration avec l'Organisation des Nations unies pour le développement Industriel (Onudi) s'est mué, hier, en un véritable réquisitoire dressé par les chefs d'entreprise engagés dans un difficile processus d'exportation contre l'administration qui constitue, à leurs yeux, un facteur de blocage.Malgré un discours politique favorable aux exportations hors hydrocarbures, il s'avère, à entendre les témoignages des chefs d'entreprise, que la réalité sur le terrain est toute autre. Bien qu'ils soient engagés avec beaucoup de volonté dans la création de nouveaux consortiums, aidés techniquement par l'Onudi et financés par des capitaux français à hauteur de 400 000 euros, de nombreux hommes d'affaires algériens pointent du doigt, non sans amertume, le parcours du combattant auquel ils sont astreints pour mettre leurs produits sur le marché international. Obstacles multiples au niveau de l'administration centrale, des Douanes et des banques sont décriés. Il en est ainsi, par exemple, du fameux «couloir vert» censé, selon le ministère du Commerce, accélérer les démarches au niveau des Douanes. Les chefs d'entreprises estiment, à l'image d'Arezki Issiakhem, que le couloir est tout simplement «virtuel».Intervenant lors de la présentation du consortium d'exportation pour le secteur des industries agroalimentaires, Algerian Agro Cereals (AAC), qu'il préside, M. Issiakhem a estimé que «vouloir exporter signifie accepter de se faire humilier» tant les tracasseries sont nombreuses, à ses yeux. Pour sa part, Omar Aouci, vice-président du Groupement interprofessionnel des protéines animales (GIPA) relevant du consortium pour le secteur des industries agroalimentaires, a estimé notamment que l'exportateur est devenu «un otage de l'administration, des douanes et des banques»Il a souligné qu'il faut impérativement «démystifier la culture de l'importation ancrée dans l'esprit des chefs d'entreprises» et «mutualiser les efforts pour favoriser les exportations et mettre fin aux entraves» bureaucratiques. Intervenant lors des débats, Abdelhak Boublenza, manager d'une entreprise de dérivés du caroube basée à Tlemcen ? seule entreprise nationale spécialisée à 100 % dans l'exportation ? a également mis en avant toutes les incohérences existant entre le discours politique encourageant l'exportation et les lourdeurs et autres entraves à l'action des entreprises. Il a ainsi appelé à «dépénaliser l'acte d'exporter», expliquant que la loi prévoit des sanctions pénales contre tout exportateur qui met sur le marché international une quantité déterminée de produits périssables sans arriver à les vendre.Il a mis en exergue également une «autorisation préalable» exigée par la banque afin de permettre à une entreprise d'effectuer une transaction à l'export. Il explique ainsi que lorsqu'un contact est établi avec un fournisseur de matières premières entrant dans la fabrication de produits locaux destinés à l'export, il s'écoule en général 2 à 3 mois avant que la banque ne délivre son quitus, ce qui a pour conséquence de fait échouer la vente.Il est à noter qu'une vingtaine d'entreprises ont déjà adhéré, selon Gilles Galtieri, expert de l'Onudi, au projet de création et de développement de consortiums d'exportation IAA, alors que de nombreuses autres souhaitent se joindre aux différents consortiums. Deux consortiums dans la filière des céréales et des protéines animales sont déjà effectifs, selon le bilan présenté hier, alors que trois autres sont en cours de formalisation juridique, dont un pour la filière boissons.
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Posté Le : 01/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Zhor Hadjam
Source : www.elwatan.com