Les check-points israéliens

Une bonne partie de l'Europe affichait, hier, une certaine incrédulité et une forte dose d'amertume. C'est le constat fait dans la plupart des grands aéroports du vieux continent où l'ambiance était celle d'un état de siège. Et pour cause, aussi bien à Paris qu'à Bruxelles, Rome ou Genève, les départs à destination d'Israël étaient soigneusement filtrés et sévèrement gardés. Il s'agissait, en effet, d'empêcher l'embarquement de certains passagers dont l'objectif était aussi de rallier les territoires palestiniens et d'exprimer leur sympathie avec le peuple palestinien.
Ce qui est remarquable à ce sujet, c'est l'impressionnant travail de police, puisque des compagnies aériennes avaient des listes très précises de ressortissants européens interdits de déplacement vers Israël. Qui a établi ces listes et sur quel critère ' «Aujourd'hui, le check-point est à Paris !», soulignaient alors les mécontents, tout en pressant une compagnie aérienne de leur fournir une «attestation écrite officielle» leur expliquant les raisons de leur interdiction de vol. Un bien difficile exercice pour toutes ces compagnies engagées dans des opérations qui ne relèvent pas de leur compétence.
Même si elle n'est pas l'unique, la question est là et elle se pose depuis l'année dernière, quand Israël s'est retrouvé en possession de listes de personnes présentées comme étant des sympathisants de la cause palestinienne. Il semble bien qu'elles lui ont été transmises par les pays d'origine puisque les personnes y figurant ont été refoulées dès leur arrivée en Israël. Cette fois, il y a eu anticipation, mais le problème soulevé reste inchangé, interdisant le droit à la libre opinion et, quand cela ne suffit pas, celui de voyager dans un monde qui se dit attaché et même farouchement aux libertés !
L'amertume dégagée par cette action est tout aussi importante, sinon plus. Et sur au moins deux points. La nature même de ce mouvement d'abord, qui reste pacifique, l'objectif étant cette fois d'inaugurer une école internationale à Bethléem. Et celle du droit de circuler ensuite, ceux qui en ont été empêchés hier allant en ce sens jusqu'à considérer que les frontières d'Israël se trouvent désormais à Roissy et au niveau de tous les autres aéroports européens où la même mesure était appliquée. Pour tous ceux qui étaient interdits de voyager, il s'agissait de rappeler la situation faite aux Palestiniens.
Mais le fait pour Israël, de contrarier ce mouvement et sur le territoire européen permet, selon lui, d'étouffer cette manifestation ou d'en atténuer sa portée. Le mensonge par omission. Ne pas en parler laisserait croire qu'il n'y a pas le moindre problème. Et dire que l'Europe s'en fait la complice avec ces fameuses listes entre les mains des Israéliens, alors qu'elle encourage jusqu'aux soulèvements et autres révoltes armées sous d'autres cieux. Ceux qui disaient que les frontières d'Israël ont été repoussées jusqu'en Europe soulèvent de bien sérieux problèmes.