Algérie

Les chantiers de l'éternité Point Net



Il parait qu'on va encore «sensibiliser» les citoyens. Pas n'importe quels citoyens, puisqu'il s'agit de ceux qui, les pauvres, peinent à terminer des constructions entamées il y a longtemps, très longtemps et même tellement longtemps qu'on ne se souvient plus.
Ces constructions, les plus gentils les appellent «les chantiers permanents, les plus inspirés les «chantiers chroniques» et les plus positivistes les «maisons des générations futures». Quelle qu'en soit l'appellation, ils ont ceci de commun : ils construisent continuellement parce que, intrépides bâtisseurs,
ils ne veulent plus s'arrêter depuis le jour béni où ils ont posé la première pierre. Alors, ils agrandissent, redessinent les façades, ajoutent un étage, posent de nouveaux poteaux, osent toutes les excroissances,
grignotent quelques mètres sur l'espace public, chez le voisin ou les deux et surtout, laissent pointer la ferraille sur la dernière dalle. La «dernière», c'est évidemment une façon de parler, des fois que quelqu'un s'y méprendrait.
Ces gens-là ne construisent pas dans les villages isolés et les hameaux enclavés, ils ont leurs «chantiers» dans les plus grandes villes, les périphéries tentaculaires ou parfois dans les quartiers les plus inaccessibles.
Ils ont des permis de construire, des plans de construction et des délais d'achèvement. Qu'ils aient «acheté» le permis, rangé le plan ou oublié d'achever, ils partagent le statut de verrue sur le visage de la cité.
Leurs chantiers sont aussi vieux que les premières fois où ils ont été «sommés» de terminer ça. Ils n'ont pas terminé et il ne leur est rien arrivé. Ils construisent, les' pauvres.
C'est quand même terrible de presser quelqu'un de terminer sa maison ! Surtout quand il construit pour habiter, loger les enfants qui vont se marier, penser aux petits-enfants, louer, faire du commerce, envisager un atelier de couture et d'autres choses encore à venir, puisque ce n'est jamais terminé. Il paraît qu'après d'interminables sommations pour achever les interminables constructions, toutes les Duch du pays vont se mettre maintenant à la' sensibilisation.
Le ministre dit que si, dans' cinq ans, il y a encore des constructeurs qui n'ont pas encore terminé leurs constructions, il va sévir.
Et comme le ministre n'est pas si méchant que ça, il va donner de l'argent à ceux qui n'ont pas «les moyens de terminer». Et ceux qui vont commencer à construire aujourd'hui et n'auront pas les moyens de les terminer, est-ce qu'ils vont avoir les sommations, la sensibilisation ou l'argent avant '
Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)