Algérie

Les chantiers 2013 du gouvernement Sellal : entre pertinence et contraintes de faisabilité



Les chantiers 2013 du gouvernement Sellal :                                    entre pertinence et contraintes de faisabilité
En un trimestre seulement le gouvernement Sellal a pu donner un contenu opérationnel à son programme d'action notamment dans ses déclinaisons sectorielles, imprimer un style et fixer ses priorités pour 2013. Mais pourrait-on dire pour autant que les contraintes de faisabilité de ses chantiers prioritaires pour cette année qui commence ont été identifiées et sont susceptibles d'être levées en temps voulu. Rappelons au préalable ce qui me semble constituer les trois axes sur lesquels repose la feuille de route du gouvernement : rétablir la confiance, améliorer la gouvernance, " transformer le régime de croissance en l'orientant vers le développement des secteurs productifs et de valeur ajoutée ". Je commencerai par traiter de la première contrainte transversale majeure qui peut s'opposer sinon retarder l'exécution du programme : la contrainte politique et sociale. Cette contrainte est constituée par l'alliance construite au fil du temps par certains lobbies de l'importation avec une partie de la sphère informelle commerciale occupée en majorité par de jeunes chômeurs. La réalité et l'ampleur de cette contrainte ont pu être appréciées lors du report, en février 2011, de l'obligation du paiement par chèque pour toute transaction supérieure à 500 000 DA. Cette force, aux contours flous et aux ramifications internationales mobilise de grandes capacités financières brassées dans les " chkaras".Elle dispose par la " tchippa " de relais entretenus par la bureaucratie et l'inefficacité des services publics. Elle tente même de faire des incursions dans le champ de la représentation politique territoriale et nationale. Pour la contenir il faudra faire émerger un large front politique et social en s'appuyant sur les partenaires sociaux traditionnels mais également sur les nouvelles couches sociales de la jeunesse, parties prenantes et/ou bénéficiaires du développement de l'économie productive. La deuxième contrainte majeure est d'ordre psychologique et culturel c'est la perte de confiance et l'immobilisme qui consolide les attitudes rentières. Elle concerne une grande partie des composantes sociales : entrepreneurs privés découragés par la bureaucratie, gestionnaires publics tétanisés par le " risque pénal de gestion ", jeunes diplômés en chômage de longue durée, demandeurs de logement sans suite, usagers d'un service public médiocre, etc. Le rétablissement de la confiance ne peut être que progressif ; il suppose un traitement qui s'inscrit dans le " temps long ". Mais cela exige aussi des actions psychologiques à portée et effets immédiats. En tenant les promesses faites d'abord. La prise en charge par l'AADL des 150 000 anciennes demandes de logements, participe de ces mesures psychologiques. Les récentes facilitations bancaires pour l'ouverture d'un compte ou l'octroi d'un prêt pour les entreprises également. Cependant, même si d'autres mesures annoncées, notamment celles de l'appui à l'entreprise privée, de l'amélioration du climat des affaires et de la dépénalisation du risque de gestion pour les managers publics sont prises en 2013, le rétablissement de la confiance mettra du temps à se généraliser. Le troisième type de contraintes renvoie à l'insuffisance de ressources en matière de gouvernance et de management, de capacités productives locales et même de ressources budgétaires. C'est me semble-t-il la plus facile à réduire. Pour l'amélioration de la gouvernance les textes de références existent : rapport sur la réforme des missions et des structures de l'Etat, rapport du CNES sur les attentes citoyennes et le développement local. rapport sur la e-gouvernance. Il n'y a qu'à les appliquer. Avec deux millions de fonctionnaires, les améliorations de la gouvernance institutionnelle, y compris celle des services publics, ne peuvent être obtenues que par une productivité meilleure et une organisation plus efficace. La numérisation des banques de données et des actes administratifs ainsi que la simplification des procédures sont à cet égard des pistes intéressantes. S'agissant de la gouvernance des entreprises l'implication des partenaires sociaux est primordiale. Les managers concernés en sont conscients comme en témoignent l'élaboration du code d'éthique par l'association des jeunes entrepreneurs CARE et les piqûres de rappel des gestionnaires publics sur l'urgence de reconsidérer le risque pénal de gestion. En matière de développement des capacités productives de biens industriels la feuille de route existe. Le rapport commandé, dès son entrée en fonction, par le ministre en charge de l'industrie en précise le mode d'emploi. Les secteurs de l'énergie et de l'habitat ont également les idées claires sur la relance de leurs capacités productives respectives. Le premier en faisant réviser la loi sur les hydrocarbures ; le second en considérant comme prioritaire l'élargissement des capacités nationales de réalisation de logement, qui ne dépassent pas actuellement les 80 000 unités. Je disais enfin insuffisance de ressources budgétaires car la limite de l'expansion budgétaire soutenable a été atteinte. L'indicateur le plus pertinent en est le taux d'inflation à deux chiffres dont on est proche.
Pour conclure je dirai qu'on est tenu de donner du temps au temps. En maintenant le cap indiqué.


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