La multiplication des incendies autour de la Méditerranée et notamment en Grèce, en Turquie et chez nous en Algérie, la reprise des feux en Californie et d'une façon générale, la succession de catastrophes naturelles depuis quelques années, éclairent avec brutalité l'état des lieux et les prévisions quasi-apocalyptiques contenues dans le rapport du Giec qui vient de sortir.Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) vient, en effet, de rendre public le 9 aout2021 sonrapport qui n'est qu'un projet pour le moment devant être approuvé par les 195 Etats membres.
Le rapport d'évaluation complet de 4000 pages, bien plus alarmiste que le précédent de 2013, a pour vocation d'éclairer les décisions politiques.
«Le pire est à venir, avec des implications sur la vie de nos enfants et nos petits-enfants bien plus que sur la nôtre», martèle le Giec,
Fruit du travail de 234 auteurs issus de 66 pays différents, ce rapport s'appuie sur plus de 14 000 articles scientifiques et 78 000 commentaires de révision. Il constitue la plus importante évaluation des connaissances sur l'évolution du climat depuis 2013. Grâce à des avancées scientifiques majeures, ce rapport apporte un nouvel éclairage sur les trajectoires passées, présentes et futures du changement climatique, et modélise ses projections autour de plusieurs scénarios d'émissions de gaz à effet de serre. »Nous avons maintenant une image beaucoup plus claire du climat passé, présent et futur, ce qui est essentiel pour comprendre où nous allons, ce qui peut être fait et comment nous pouvons nous préparer» déclare ainsi Valérie Masson Delmotte co-présidente du Groupe de travail 1 du GIEC, qui parle de ce rapport comme d'une «confrontation à la réalité».
Car le message que porte le GIEC est clair : les changements récents du climat sont généralisés, rapides et s'intensifient, et sont sans précédent depuis des milliers d'années. Il est encore possible de maintenir le réchauffement en dessous de 1,5°C, mais pour ce faire, la baisse de nos émissions doit être immédiate et drastique.
Le rapport du GIEC fixe et énumère les défis en quelques sentences sans appel :
-Les activités humaines sont les principales causes du changement climatique
-Le changement climatique s'accélère et s'intensifie
-Les conséquences du changement climatique sont déjà visibles partout dans le monde
-Réduire drastiquement, rapidement et durablement les émissions de gaz à effet de serre est une priorité
Le rapport du Giec précise que ces changements sont globaux mais ont des applications différentes aux échelles régionales. Partant de ce constat, le Giec propose une analyse régionale visant à informer les décideurs politiques dans le cadre de politiques d'évaluation, de gestion du risque et d'adaptation.
Le rapport insiste donc sur la nécessité d'atteindre la neutralité carbone afin de limiter la hausse des températures à 2°C d'ici 2050.
A ce titre, le Giec a rappelé que si l'ensemble des acteurs politiques, des entreprises, investisseurs et citoyens ont leur rôle à jouer, les Etats du G20, en tant qu'émetteur de 80% des émissions de GES mondiales, ont la responsabilité de fixer des objectifs ambitieux et le pouvoir de réduire drastiquement leurs émissions.
Le réchauffement climatique est une réalité dramatique.
Pour la région méditerranéenne, le rapport précise « Seul, un réchauffement mondial maintenu nettement au-dessous de 2°C, qui était déjà l'objectif de l'accord de Paris, permettrait d'éviter la catastrophe et maintenir les zones côtières, les sites du patrimoine culturel, les écosystèmes terrestres et marins dans un état viable dans la plupart des zones du bassin méditerranéen ».
Parce que la Méditerranée, qui compte 500 millions d'habitants, est sans doute la région du monde qui souffrira le plus des hausses de températures, et est qualifiée de « point chaud du changement climatique » par ce rapport. Selon le GIEC, jusqu'à 93 millions de personnes supplémentaires pourraient être confrontées à des canicules sur la rive nord de la Méditerranée d'ici 2050. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le risque pour les personnes âgées de mourir de fortes chaleurs pourrait être multiplié entre 3 et 30 d'ici à 2100 et les morts pourraient se monter à 20.000 par an en Méditerranée septentrionale d'ici 2050.
La chaleur est donc le principal risque que nous courrons parce que « le changement climatique nous emmène à des niveaux où nous ne pouvons pas survivre. »
Le travail est titanesque parce qu'il s'agit de convaincre plus de 7 milliards d'êtres humains dont les cultures, les niveaux d'éducation, et surtout les niveaux de vie et de développement sont tellement différents ; avec des organisations politiques et administratives opposées, avec des intérêts et des priorités contradictoires. La lutte contre le réchauffement climatique n'a pas le même prix en Europe qu‘au fin fond de l'Afrique.
Il appartiendra à la Cop 26 de tirer tous les enseignements de cet état des lieux pour obtenir des gouvernements un accord plus contraignant que le précédent, de trouver les moyens financiers pour l'exécution des décisions mais surtout convaincre les opinions publiques de notre responsabilité individuelle et collective.
La Conférence des Parties (COP) qui réunit les Etats engagés depuis 1992 par la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) devrait tenir sa prochaine édition, la 26 éme, en novembre 2021 à Glasgow.
« Nous sommes désormais au bord de la catastrophe » selon Alok Sharma, le ministre britannique, chargé de présider la COP 26 à Glasgow.
L'Algérie souffre, ces dernières années, d'incendies de forêts de plus en plus étendues dans l'espace et dans le temps.
Je trouve regrettable que le débat se focalise sur l'origine criminelle ou non des incendies. C'est vrai, certains foyers sont d'origine humaine et dans ce cas, la loi doit s'appliquer dans toute sa rigueur mais ramener tout le débat sur l'origine humaine est réducteur et risque de nous éloigner des vrais enjeux qui englobent et dépassent l'Algérie.
L'Algérie est partie prenante de tous les instruments internationaux relatifs aux changements climatiques. Il lui appartient de s'impliquer davantage dans les efforts internationaux, mutualisant ainsi les moyens et s'imprégnant encore plus des avancées technologiques et des études pertinentes sur l'évolution climatique.
Le changement climatique n'est ni de la fiction, ni de la littérature. Il est là et notre survie en dépend !
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Posté Le : 12/08/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelhamid Senouci Bereksi
Source : www.lequotidien-oran.com