L'événement mérite le détour: l'Algérie a réussi à produire des céréales pour
répondre à ses besoins en 2009 et 2010. Jusqu'à ces deux dernières années, il
fallait passer commande chez les traders du marché mondial chez qui l'Algérie
était abonnée.
Bon an, mal an, la facture annuelle de céréales tournait autour d'un
milliard de dollars. A présent, le vent a tourné, dans le bon sens.
Le directeur général de l'Office
interprofessionnel algérien des céréales (OAIC), Nouredine Kahal, a annoncé que
l'Algérie n'importera pas de céréales en 2010. C'est la conséquence de la
production locale « record » estimée à environ 61 millions de quintaux cette
année. Les producteurs sont à l'honneur, ainsi que le ministère de
l'Agriculture dont les différentes structures ont boosté cette activité. On se
souvient encore des surplus en orge qu'Alger a exporté récemment. M. Kahal qui
s'exprimait sur les ondes de la Chaîne 3 de la radio nationale a estimé qu'il y
a de quoi répondre aux besoins intérieurs pendant deux ans et qu'il est
possible d'envisager d'exporter, une nouvelle fois, des surplus. Il s'est
étendu sur le soutien accordé par le gouvernement à travers sa politique
d'encouragement des investissements dans la filière des céréales.
Taxe protectrice et dissuasive
Le directeur général de l'OAIC a annoncé que « l'Algérie a décidé également
de taxer les blés tendre et dur d'importation pour aligner leurs prix sur les
blés produits localement ». La mesure doit être officialisée dans la loi de
finances complémentaire 2010 (LFC) en cours de finalisation.
Selon les informations qui ont filtré
sur le même sujet, cette taxe s'appliquera sur le blé importé à un prix
inférieur au prix de régulation. Selon le journal électronique de la radio
nationale «www.radioalgerie.dz», ce prix de régulation est l'équivalent de 350
dollars la tonne.
Cependant, des sources informées
précisent que cette taxe ne s'appliquera pas quand le blé dur est importé à un
prix égal ou supérieur au prix de régulation et ne concerne pas les
importations de l'Office algérien interprofessionnel des céréales. Pour les
initiateurs de cette mesure, il s'agit de promouvoir le recours aux produits
locaux notamment par les industriels versés dans les activités de
transformation des céréales. Ces industriels sont en général en quête de
céréales les moins chères mais ils n'échappent pas aux cours mondiaux en
vigueur. Or, la politique gouvernementale a aligné les prix locaux sur ceux des
cours mondiaux pour stimuler la production nationale. Logiquement, tant que la
matière première - à qualité et prix équivalents - est disponible sur le marché
algérien ces industriels locaux ne devraient plus aller sur les places
boursières mondiales. En tous cas, à en juger par les informations disponibles,
cette politique gouvernementale de promotion de l'agriculture céréalière a
porté ses fruits.
Surveiller les importations en amont
Il reste que, selon des sources informées, le taux et les modalités
d'application de la taxe d'importation sur les céréales seront définis par voie
réglementaire. Autrement dit, on ne sait pas encore si cette taxe sera vraiment
dissuasive pour que la production locale ait vraiment la préférence des
industriels locaux du secteur (couscous, pâtes, biscuits…). Dans les milieux
des importateurs, qui en général touchent à tout, on ne cache pas que des «
opérateurs » ont réussi de jolis coups. Comprenez de bonnes opérations
financières. La recette est simple: on achète un produit de second ou troisième
choix et on le revend en tant que premier choix à des transformateurs et à des
grossistes. Le plus souvent, les principaux acteurs d'une telle opération sont
au courant et tous se partagent le profit dégagé au détriment, bien entendu, du
Trésor public et du consommateur.
Ce type de pratique a poussé les pouvoirs publics à prévoir, en amont, un
système de contrôle à l'embarquement des marchandises pour prévenir toute
tricherie ou fraude. L'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a
ainsi confié à la société «Control union inspections France», les opérations de
contrôle, surveillance et agréage des céréales et légumes secs à
l'embarquement. L'OAIC a ainsi mis en application une mesure prise par la LCF
2009. La société en question se charge de contrôler «l'espèce, l'origine, la
valeur, la qualité et la quantité des marchandises». Cette société est une filiale
du groupe néerlandais «Peterson control union», basé à Rotterdam aux Pays-Bas.
Elle activera pour le compte de l'Algérie, via l'OAIC, pendant deux ans.
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Posté Le : 31/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Oualid Ammar
Source : www.lequotidien-oran.com