Algérie

Les cent batailles décisives de l'histoire de Salah Ould Moulay Ahmed



Les cent batailles décisives de l'histoire de Salah Ould Moulay Ahmed
Exemple de bataille célèbre, celle du 2 août -216 à Cannes, dans le sud-est de l'Italie.'le général carthaginois Hannibal remporta une éclatante victoire sur les Romains lors de la seconde guerre punique. Cette victoire de Hannibal, écrit Salah Ould Moulay Ahmed, «révéla son génie militaire, elle inspira nombre de grands chefs militaires comme le Français Napoléon Bonaparte au XIXe siècle ou les Allemands Von Schlieffen et Rommel au XXe siècle, et continue de nos jours d'être étudiée et commentée dans maintes grandes écoles de guerre».L'auteur mauritanien vient de publier, dans la collection Essais de Casbah-Editions, un ouvrage où il répertorie les cent plus importantes batailles depuis Qadesh (vers 1274 av. J.-C.).'le livre est de nature à intéresser un large public, car traitant d'un sujet passionnant et se caractérisant par un travail littéraire de qualité. Comme son titre l'indique, l'ouvrage offre une lecture rétrospective sous forme de résumés. Cent batailles y sont recensées, depuis l'Antiquité jusqu'à l'époque actuelle. Le lecteur désireux de soigner sa culture générale et d'enrichir ses connaissances y trouvera beaucoup mieux qu'un digest. En effet, l'auteur propose un ouvrage accessible, grâce à la clarté et à la précision du texte court, où le condensé permet de dire peu et bien.Surtout, il explique les faits annoncés, les compare, les met en perspective tout en démontant nombre d'idées reçues.'les connexions opérées, la distance ainsi créée permettent de représenter un plan d'ensemble favorisant une meilleure compréhension de l'histoire. De ce point de vue, l'exigence de l'auteur a donné ses fruits : un fort intéressant essai historique où il porte un regard, une sensibilité et un jugement qui lui sont propres. «L'histoire, depuis plus de 5 000 ans, est jalonnée de grandes batailles, dont certaines eurent une telle importance ou laissèrent une telle empreinte qu'elles restèrent gravées dans la mémoire des hommes.Certes, l'histoire ne se résume pas à une simple suite de guerres et de batailles, mais force est de constater que certains affrontements ont constitué incontestablement des tournants historiques en modifiant profondément le cours des événements», souligne l'auteur dans l'entrée en matière. Salah Ould Moulay Ahmed rappelle alors cette évidence : «L'histoire militaire est (...) riche d'enseignements car la guerre, pratique universelle et constante de l'humanité, fut le moyen privilégié pour lequel s'opèrent les grandes ruptures politiques, les grandes mutations sociales, économiques et culturelles, à travers les âges». Dans le vaste panorama qu'il invite à découvrir, il y a donc cette liberté de mouvement donnée à l'histoire, où la guerre n'est pas considérée comme un simple phénomène historique, localisé dans l'espace et dans le temps, mais plutôt comme un ensemble homogène à plusieurs dimensions.'il en ressort un sens profond, une philosophie de l'histoire qui, tous deux, contribuent à l'acquisition d'un savoir historique critique. De la sorte, le lecteur verra «l'histoire dérouler ses horreurs, ses drames, mais aussi ses épopées mémorables, ses coups d'éclat, ses révélations sur l'ambition, la cupidité et la folie des grandeurs des hommes».Une palette de 100 batailles, «jugées les plus significatives et donc les plus décisives», illustre l'histoire des guerres (ou «l'histoire-batailles») racontée dans l'ouvrage. L'auteur les expose dans l'ordre chronologique, en six chapitres : l'Antiquité (des origines à la chute de Rome en 476), le Moyen-âge, les Temps modernes (du XVIe siècle au début du XXe siècle), chacune des deux Guerres mondiales, l'époque contemporaine.'chaque court récit respecte le même canevas, à savoir «présentation globale et contexte historique, déroulement général de la bataille (...), conséquences majeures dans l'immédiat et par la suite». Les grands stratèges versés dans «l'art de la guerre» occupent, souvent, une place de choix dans ces récits.Parce que le monde a «connu des génies militaires comme Alexandre le Grand, Hannibal, Jules César, Khâlid Ibn Al-Walid, Saladin, Gengis Khan ou Napoléon dont les noms méritent largement d'être gardés en mémoire par toute personne intéressée par l'histoire-batailles ou avide de culture générale». D'autant plus que «ces grands conquérants nourrissaient également une vision politique, un projet de société allant nettement au-delà du cadre historique de leur époque».L'histoire ainsi revisitée (sous forme de résumé à la fois narratif, descriptif et d'exposition) commence avec la bataille de Qadesh. «Vers - 1274 eut lieu à Qadesh, une cité fortifiée située sur les rives de l'Oronte près de l'actuelle ville syrienne de Homs, une fameuse bataille qui opposa le pharaon d'Égypte Ramsès II au roi des Hittites Mouwatalli II». L'évènement eut «la particularité d'être la première bataille connue et documentée et fut également à l'origine du premier traité de l'Histoire», ajoute l'auteur.Le récit suivant relate la chute de Jérusalem : «le dernier grand roi babylonien, Nabuchodonosor II (...) s'empara en -587, et après un siège de plusieurs mois, de Jérusalem qu'il détruisit, y compris son temple, et déporta des milliers de juifs à Babylone». à son tour, Babylone est conquise par Cyrus II, roi des Perses et des Mèdes, en -539. La chute de Babylone (troisième bataille décisive que l'auteur nous fait découvrir) mit fin à l'indépendance politique de cette grande cité de Mésopotamie (région située près de Baghdad).Salah Ould Moulay Ahmed poursuit sa passionnante narration. Il évoque notamment la bataille de Marathon, près d'Athènes (-490), les conquêtes d'Alexandre le Grand, la prise de Kalinga (-260) par l'empereur indien Ashoka... Kalinga où, rapporte l'auteur, «frappé par l'horreur de la seule campagne militaire à laquelle il prit personnellement part, Ashoka décida de renoncer dorénavant à tout acte de violence et à embrasser le bouddhisme». Kalinga n'étant que la huitième escale sur les cent haltes proposées, le lecteur reprend son périple. Il redécouvre avec intérêt les batailles de Badr (624), de Yarmouk (636) et d'Al-Qadisiyya, parmi les plus glorieuses dans l'histoire de l'Islam. Ou encore la victoire du souverain des Almoravides, Yousouf Ibn Tashfine, sur le roi Alphonse VI à Zallaqa (1086) ; la prise de Jérusalem par Saladin (1187) ; la chute de Grenade (1492)... Et ainsi de suite, jusqu'à des âges moins reculés. Le siège de Tenochtitlan (1521), qui était la capitale des Aztèques (et actuel Mexico), inaugure le troisième chapitre et son corollaire : l'introduction puis le développement de la guerre moderne. Des batailles déterminantes dans différentes régions du monde sont passées en revue. La bataille de Tsushima (1905), qui a vu la flotte japonaise anéantir la flotte russe, clèt ce passionnant chapitre.Dans les chapitres suivants (guerre de 1914-1918, deuxième guerre mondiale, les conflits après 1946), «la guerre de mouvement» s'est substituée aux formes classiques d'affrontement. Bombes, chars, avions, sous-marins... rendent les guerres plus terrifiantes. La Deuxième Guerre mondiale, par exemple, «fit plus de 50 millions de morts, avec deux fois plus de victimes civiles que militaires». L'auteur a sélectionné trente batailles jugées les plus importantes du XXe siècle, depuis Tannenberg (1914) jusqu'à la campagne d'Afghanistan (àpartir de 2001). Belle opportunité pour le lecteur de revisiter des évènements aussi importants que tragiques : Verdun (1916), Pearl Harbor (1941), Stalingrad (1943), la guerre de Corée (1950-1953), Diên Biên Phu (1954), la bataille d'Alger (1957), la guerre Iran-Irak (1980-1988), la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995), etc. Au terme de son exposé, Salah Ould Moulay Ahmed fait remarquer que «la première conclusion qui s'impose d'emblée est qu'aucune guerre n'est belle ou glorieuse et qu'à la fin, il n'y a pas de véritable vainqueur mais plutôt des perdants et des victimes à des degrés divers».La fin de la guerre n'étant pas pour demain, «déjà apparaissent des transformations tendant à substituer à la guerre classique de nouvelles formes d'affrontement plus limitées mais impliquant d'autres acteurs et moyens (mercenaires, miliciens, partisans, drones, bombes humaines...), ce qui révèle des mutations sociétales de grande ampleur et une reconfiguration en profondeur de la scène mondiale», prédit-il dans l'épilogue.Hocine TamouSalah Ould Moulay Ahmed, Les cent batailles décisives de l'histoire, de l'antiquité à nos jours, Casbah Éditions, Alger 2014, 384 pages.




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