Algérie

Les cent ans de l'ANC



Hasard du calendrier ' Retenons plutôt la symbolique, et elle est très forte en Afrique du Sud où vient d’être célébré, cette semaine, le centenaire de l’African National Congress (ANC), le parti qui a mis fin au pouvoir raciste de l’apartheid et qui, depuis sa prise du pouvoir en 1994,  est confronté à de nouveaux défis. C’est en effet en pleine célébration de cet anniversaire que la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, est venue en Afrique du Sud afin de saluer «l’impressionnante» performance économique de ce pays. Mme Lagarde s’est gardée d’aller au-delà de ce constat, alors même que la population sud-africaine appelle avec insistance à une stricte application de la démocratie. Ou plus simplement à une égalité des chances. Ou encore à la fin des inégalités, une question soulevée dès l’accession de l’ANC au pouvoir, en 1994, comme s’il s’agissait déjà de pointer du doigt certaines clauses de l’accord ayant mis fin à l’apartheid. C’est ce qui est encore apparu lors des trois journées de festivités qui se sont achevées hier. Plus que cela, l’ANC n’est plus ce qu’il était, des divisions sont apparues en son sein, même s’il continue à gouverner, malgré les 400 000 nouvelles adhésions enregistrées depuis 2007. «Nous sommes unis parce que nous devons nous unir pour ce centenaire. Mais je crois que nous serons très divisés après cet événement », a prédit Tefo Labaka, membre de la Ligue de jeunesse de l’ANC, une branche contestant ouvertement la direction de l’actuel président Jacob Zuma. D’ailleurs, le stade de Bloemfontein, cette même ville où est née l’ANC le 12 janvier 1912, résonnait de ces coups de colère, contraignant Jacob Zuma à développer des thèmes rassembleurs, citant en cela la Charte de la liberté, texte fondateur signé en 1955 par l’ANC et d’autres mouvements anti-apartheid. «L’Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, Noirs et Blancs». Que pouvaient alors penser tous ceux qui étaient dans ce stade, déjà convaincus qu’un tel exercice doit commencer au sein même de l’ANC ' L’exercice, aussi important soit-il en cette période de doute, aura du mal à passer puisque plus du quart de la population est sans travail et que des millions de personnes vivent encore dans des bidonvilles. Sans parler des autres calamités qui réduisent jusqu’à l’espérance de vie. En outre, écoles et hôpitaux sont en difficulté faute de financement. Où est alors la prospérité ou encore l’impressionnante performance économique décrite par Mme Lagarde ' Non pas que celle-ci serait une vue de l’esprit, mais les laissés-pour-compte sont de plus en plus nombreux et cela alors même que des Sud-Africains, jusqu’à certains membres de l’ANC, ont pu échapper à cette situation. De la chance ' Pas dans tous les cas et c’est ce qui donne de la voix aux fractions dissidentes.
Autant dire que la célébration du centenaire de l’ANC était aussi l’occasion de rappeler certains engagements qui consistent, d’abord, à bâtir une société multiraciale, ce qui explique l’amertume de certains. Les townships sont toujours là pour rappeler une situation grave ou encore les énormes écarts que l’Afrique du Sud n’arrive pas à résorber. Cela se matérialise par une incroyable violence qui n’a même pas épargné les immigrants africains venus principalement du Zimbabwe, ou encore le fait de se tromper de cible et d’en arriver à accuser les Blancs dont l’exode a été quelque peu freiné par la crise économique mondiale.
Pour quelque raison que ce soit, nul jusque-là, même les plus farouches opposants de M. Zuma, n’ose remettre en cause le fragile équilibre porté par la Constitution qui a mis officiellement fin à l’apartheid. Une espèce de compromis grâce auquel la minorité blanche a conservé l’essentiel du pouvoir économique. C’est là, justement, où l’exercice devient difficile, mais pas impossible, les exclus du miracle économique ne demandant qu’un peu de justice.
 


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